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Énigmatique Guatemala - Partie 1 : Izabal

Nous avons passé 5 mois au Guatemala et notre Shazzan 10 puisqu’il est resté sagement à nous y attendre pendant notre séjour en France. Nous y avons reçu famille et amis et c’est le pays que nous avons, sans conteste, le plus arpenté depuis notre départ… et pourtant, encore aujourd’hui ce pays me semble une énigme, un patchwork de peuples et de territoires assemblés par une couturière fantaisiste. Cette petite main a cousu des morceaux de matières et coloris différents avec des fils gardant la trace du faste chatoyant des mayas mais des fils usés par les envahisseurs successifs et la guerre civile… Et ce n’est pas l’état corrompu et absent qui va réparer les pièces abimées pour faire nation ni remettre les couleurs du bien-être à cette étoffe qui résiste comme elle peut aux difficultés de la vie !


Malgré son côté énigmatique, son état corrompu, un sentiment de violence sous-jacente, j’ai aimé ce pays pour la gentillesse de son peuple, sa résilience, sa capacité à survivre à toutes les adversités. J’ai aimé découvrir et ressentir ses origines mayas qui m’ont souvent émerveillée et parfois horrifiée, j’ai aimé ses paysages même abîmés par la pollution des plastiques. J’ai aimé sa luxuriance, sa diversité…


Je voudrais d’ores et déjà remercier Gwendal le gérant de la marina, Sonia de Cayo Quemado et la famille de Jose Mendoza de San Juan La Laguna pour m’avoir aidé à déchiffrer un peu plus ce pays.


Mais surtout surtout, je veux remercier Edolia avec qui j’ai pu échanger sans fin, poser toutes les questions sans retenue qu’il s’agisse des modes de vie des mayas ou de recettes de cuisine, un grand merci à toi mon amie qui garde une place spéciale dans mon cœur.



Un autre grand merci à tous ceux qui m'ont autorisée à utiliser leurs photos : Violaine Parcot, Jeremy Blanchard et Cathy Bellony.


Premier tour d'horizon des régions visitées


Izabal : La région où nous nous sommes posés

C'est la région des narco-trafiquants, une région qui s’égrène au fil de la rivière Rio Dulce. Notre point d’entrée en bord de la mer des Caraïbes fut Livingston la ville des garifunas, fruit du métissage d’esclaves africains évadés et des peuples Arawaks et Caraïbes.

Puis nous avons embouqué un canyon où la rivière serpente au milieu de la jungle pour atteindre Cayo Quemado, un petit coin de paradis qui abrite des villages lacustres autogérés selon des formes ancestrales de gouvernance.

Ensuite, nous avons continué notre remontée dans des eaux prenant leurs aises pour former les lacs Golfete et Izabal, lieu de villégiature de la classe aisée guatémaltèque. Finalement , nous avons rejoint notre marina Manglar del Rio située à Fronteras, une ville trépidante traversée par une noria de camions pétaradants qui empruntent l’un des rares ponts de la région ! Izabal, un patchwork dans le patchwork !


Le Péten : le territoire des sites archéologiques mayas

Dans cette région proche du Bélize, les sites mayas se cachent sous le couvert d’une jungle envahissante, un univers bruissant de milles bourdonnements d’insectes, froissements d’ailes, chant d’oiseaux, olas de cigales, cris effrayants de petits singes hurleurs…


Ici, on se sent submergé par la luxuriance de la nature et par la puissance de cette civilisation maya hiérarchisée, parfois cruelle à nos yeux mais riche de tant de connaissances scientifiques et astronomiques acquises par l’observation de la terre et des cieux.



Cap à l'ouest vers les volcans

Le lac Atitlan, niché au centre d'une couronne de cônes volcaniques est réputé comme l'un des plus beaux lac du monde (il aurait même inspiré le Petit Prince à Saint-Exupéry) mais si sa beauté est indéniable, sa pollution l'est malheureusement tout autant . Dans cette région, quelques-uns des 27 peuples mayas guatémaltèques inventent chaque jour des moyens pour se développer en tentant, me semble-t-il, de conjuguer les traditions et la technologie. C'est aussi une des région où certains villages ont mis l’état dehors pour mieux y vivre !



Antigua, l'ancienne capitale du pays est un concentré d’histoire coloniale dominée par des clochers d’église. Sur sa place centrale, des femmes en huipil déambulent sous les arcades hispanisantes d’une administration jadis centralisée, d’autres vendent des mangues fraichement découpées, des boucles d’oreille et des tissus colorés, d’autres aussi mendient…

Antigua, petite ville pavée vit sous le feu menaçant des volcans dont les incandescences lui rappellent chaque jour l’impermanence des choses et nous ramènent chaque nuit, nous petits êtres humains, à notre propre vulnérabilité.



Ciudad Guatemala, est devenue capitale du pays en 1776, quand un tremblement de terre détruisit une partie de Antigua. Il se dit qu’elle est l’une des villes les plus dangereuses de la planète avec selon Wikipédia, un taux de criminalité de 50 pour 100000 habitants et plus de 25 assassinats par jour perpétrés par des gangs faisant régner la terreur. Nous y avons séjourné quelques jours en attendant nos invités qui y arrivaient en avion, mais nous sommes sagement restés à l’hôtel le soir, hôtel que nous avons choisi en évitant scrupuleusement les zones de la ville réputées les plus dangereuses…



Izabal : un patchwork dans le patchwork

Le fief des narco-trafiquants et des armes à feux

La région d’Izabal est clairement le fief des narco-trafiquants ! Vous ne les verrez pas mais l’on vous dira qu’ici, en tant qu’étranger, vous ne risquez rien car les narcos «font le ménage» (genre ménage irrévocable à la machette, à l’allumette ou plus classique au pistolet) à la moindre incartade ! Imaginez un peu si le gouvernement guatémaltèque sous la pression de consulats ou d’ambassades étrangères devait envoyer l’armée… cela ruinerait le «commerce» alors ils anticipent ! Ici peu de routes mais des voies de communications fluviales, un accès à la mer des Caraïbes et une forme d’isolement géographique qui sied aux activités un peu obscures.


Dans cette région du Guatemala, il est de bon ton pour un homme de porter une arme à la ceinture, cela vous «pose» direct ! Pour les européens, c’est un véritable choc. Lorsqu’à votre arrivée, vous allez au restaurant et que le premier panneau que vous voyez n’est pas le menu mais la mention suivante «Ici les armes ne sont pas autorisées, laissez la vôtre dans votre voiture», vous commencez à vous poser un certain nombre de questions !



Mais le nombre de points d’interrogation augmente encore un peu plus quand vous voyez un homme avec holster et cartouchière à la ceinture rentrer dans une banque sous le sourire aimable du vigile ! Dans le même ordre d'idée, Cathy a dû négocier avec le contrôleur d'un bus pour conserver son paquet de cigarettes dans son sac à main tandis qu'un homme est tranquillement monté avec son arme !


Le voyage nous apprend à ne pas juger trop vite, à prendre le temps d’essayer de décrypter, de mettre en perspective et on peut comprendre, dans ce pays revenant d’années de guerre civile, que la possession d’une arme peut s’envisager d’une manière particulière. Toutefois j’ai personnellement une tendance à changer de trottoir quand je croise un homme armé : cela me fait toujours peur alors qu’une belle-maman maya de la région d'Izabal se sent rassurée quand son gendre porte un pistolet… Alors autant vous dire que je ne me suis pas sentie très à l’aise quand un jour où j’attendais Dominique et notre amie Cathy dans l’annexe amarrée à un ponton, j’ai entendu des bruits de tirs. Interloquée, j’ai demandé confirmation à la famille maya de la lancha (barque) voisine… Et s’en est suivi un dialogue surréaliste :

- Ce sont bien des bruits d’armes à feu que je viens d’entendre ?

- Oui, effectivement

- J’espère qu’il n’y a pas de blessé ou de mort

- Oui, peut-être !


Ce qui tout de même surprenant, c’est que lorsque nous racontions cela à José qui habite à l’autre bout du Guatemala, près du lac Atitlan, il avait du mal à nous croire car dans sa région, il n’y a selon lui pas ou peu d’armes à feu, ce que semble corroborer nos observations sur place ! Cela illustre aussi le fait que les Guatémaltèques voyagent très peu dans leur pays, ce qui ne fait que renforcer cette impression de patchwork !



Le piéton vigilant peut tout trouver à Fronteras

Peu de routes dans la région d’Izabal donc, mais à Fronteras, il y a LA route, celle qui traverse la ville pour accéder au seul pont qui permet de passer d’une rive à l’autre pour se rendre vers la capitale du pays ou au port de commerce de Puerto Barrios ; alors bien sûr, la route est embouteillée entre camions, tuk-tuk, motos et piétons sans oublier les nids de poules et autres tumulus (dos d’âne) ! Alors, aller faire ses courses auprès des petits marchands installés deci delà le long de cette artère, implique de se préparer à supporter le bruit tonitruant de camions (qui n’auraient probablement aucune chance aux contrôles techniques français) et oblige à une vigilance absolue quand le trottoir encombré vous oblige à poser vos pieds sur le bitume ou pire à traverser !



Mais une fois ces précautions prises, on trouve de tout et faire le marché devient une expérience incroyable. On salive devant des fruits dont la couleur laisse deviner le jus sucré qui vous coulera sur les doigts quand vous les dégusterez. On imagine le fondant des avocats mûrs à souhait et la fermeté des tomates gorgées de soleil. On essaie de trouver le nom et le mode de cuisson des nombreux légumes inconnus que l’on imagine étonner nos papilles.




Un petit passage et nous voilà au marché aux poissons avec ses bassines de crevettes et de langoustes, ses seaux grouillant de crabes, ses étals de poissons séchés à même le sol ; un conseil, mieux vaut faire les courses de fruits de mer et poissons le matin, car la glace (quand il y en a) fond vite sous la chaleur tropicale ! Cela dit, les produits sont bon marché et délicieux, de plus nous n’avons jamais été malades. Alors pourquoi s'en priver !




Puis voici un nouveau passage couvert de bâches de plastique où sont proposés des chapeaux style cow-boy, des chaussures, des tissus "tipicos" pour se coudre un huilpil, de la quincaillerie et du bric-à-brac (surtout chez le chinois), des hamacs, des sous-vêtements, des poulets… une vraie Samaritaine ! On y croise aussi le marchand de barbes à papa avec sa longue perche, une femme en costume maya et une autre en leggins, des marriachis qui rentrent dans une pharmacie pour offrir la chanson commandée à l’une des employés… Mais ce qu’on y voit peut être le plus, ce sont les enseignes «Tigo» et «Claro» du nom des 2 opérateurs téléphoniques du pays car outre les deux boutiques «officielles» je crois qu’au moins un magasin sur deux vend des forfaits téléphoniques !




La marina Manglar del Rio : un petit coin de France

Il y a de nombreuses petites marinas à Fronteras et nous avons opté pour Manglar del Rio car sur les réseaux sociaux, elle était souvent mentionnée de manière positive ; de plus, le gérant étant français, nous nous sommes dit que cela faciliterait les choses pour nous et nos invités.


Cette marina est très bien située car elle est l’une des rares qui permet un accès à pied à la ville et à une supérette assez bien achalandée (nettement plus onéreuse et à mon sens moins qualitative que les étals de rue). Quelques pontons avec eau et électricité, une palapa bien aérée ouverte à tous avec sa bibliothèque (ou plutôt ses bibliothèques puisqu’on y trouve des ouvrages en français, en anglais et en espagnol), un frigo et un barbecue à disposition, des grandes tables, des canapés… de quoi passer des moments agréables, un apéro par ci, une sieste par là et le rituel barbecue du vendredi soir auquel participent tous les navigateurs sur place. On y parle beaucoup français mais pas seulement, car nous y avons croisé des Allemands, des Chiliens, des Américains, des Canadiens…

Ah j’allais oublier le parc et la piscine ! Une piscine bien utile car la température et l’humidité sont telles que vous dégoulinez littéralement du matin au soir… voir du soir au matin ! Et près de la piscine, si vous croisez Edolia qui part faire un massage maya à un résident de la marina, n’oubliez pas de la saluer chaleureusement de ma part… Dernier atout et non des moindres, Gwendal, le gérant : il est trilingue espagnol/français/anglais et il habite Fronteras depuis plusieurs années, il pourra vous conseiller pour les réparations ou améliorations éventuelles de votre esquif (à peu près tout est possible au Rio Dulce de la réparation moteur à la couverture du dinghy).


La famille Pikaïa : une belle rencontre

A Manglar del Rio, nous nous sommes fait des copains navigateurs, les Nissos, les Pote Marcel, les Voile au vent… Et oui, nous avons tous pour habitude de nous appeler du nom de notre bateau, nous sommes donc les Shazzan pour les autres navigateurs.


Mais je voudrais surtout vous parler de notre belle rencontre avec les Pikaïa! Manu, Gaëlle et leurs deux ados Renan et Jules vivent en mer depuis une petite dizaine d’année.

Ils ont acheté une coque de bateau nue de 11 mètres et pendant 17 ans, ils l’ont aménagée sou après sou, avec ce projet fou de partir naviguer en famille. Puis un jour, ils ont levé l’ancre et sont partis faire le tour de l’Amérique du Sud.



Renan et Jules ont passé plus de temps à bord que dans une maison, ils sont des équipiers accomplis tous les deux. La vie qu’a menée cette petite tribu en bateau a fait de ces jeunes gens des personnes ouvertes, curieuses faisant à la fois preuve d’une grande maturité mais aussi d’une sorte de spontanéité qu’une vie plus sédentaire en France aurait probablement émoussée.


Ils ont suivi leur scolarité avec les cours du CNED mais maintenant que Renan entre en première et Jules en seconde, les cours à distance impliquent d’être connecté pratiquement en permanence ce qui n’est guère compatible avec la vie de navigateur-voyageur.


Alors la décision a été prise de rentrer en métropole pour poursuivre les études dans un lycée. Tous les quatre sont, quand j’écris ces lignes, en train de naviguer vers la France et bientôt ils vont devoir relever le défi de revenir à une vie terrestre avec ses avantages et ses inconvénients. Ce n’est pas une mince affaire mais une chose dont je suis certaine, c’est qu’il y a tant d’amour dans cette petite tribu, qu’elle saura trouver ses marques à terre et continuer à être heureuse.


Nous avons tout de suite accroché avec les Pikaïa, très vite nous nous sommes rapprochés et racontés nos vies respectives… Parfois, il ne faut que peu de temps pour se sentir en phase !


Finalement, pour notre plus grand bonheur à tous, Pikaïa et Shazzan ont quitté le Guatemala bord à bord, puis navigué de conserve vers Isla Mujeres au Mexique via le Belize. Nous nous sommes à nouveau revus à Cuba puisque Pikaïa était amarré à la Marina Hemingway à la Havane et que nous avions laissé Shazzan sur la côte sud de Cuba pour passer quelques jours avec nos amis Ana et Palacio aussi à la Havane.


Cayo Quemado : entre l’eau et la jungle

Mais revenons à la découverte du Guatemala et plus particulièrement de Cayo Quemado. A première vue, Cayo Quemado est un petit coin de paradis entre l’eau et la jungle, du moins, pour nous navigateurs qui y posons notre ancre pour quelques jours… Des maisons de bois sur pilotis, du linge coloré qui vient souligner le vert du décor, des femmes qui se baignent au pied de leur maison, des champs de nénuphars roses et blancs, des petits bras de rivières qui s’enfoncent dans la mangrove ou dans la jungle, des colibris qui butinent de fleur en fleur, des papillons bleus, jaunes, rouges et une multitude d’oiseaux ! On a ici le sentiment que l’eau et l’homme se sont apprivoisés car sinon comment expliquer l’aisance d’un petit de 8 ans qui conduit sa lancha pour aller à l’école ou la dextérité du pêcheur à la senne qui lance son filet dans un geste tant de fois répété qu’il est d’une harmonie parfaite ! Cayo Quemado, c’est juste magnifique, reposant, ressourçant !





Alors oui, c’est un lieu de mouillage de rêve pour les navigateurs que nous sommes, d’autant plus qu’on y trouve un maître voilier et un réparateur d’électronique marine mais qu’en est-il pour ceux qui habitent là ? Nous en avons discuté avec Sonia, une jeune femme maya qui est maîtresse d’école mais qui propose aussi des sorties en lancha pour découvrir les lieux, ses petits coins secrets, sa faune et sa flore et s'immerger dans des villages perdus dans la jungle. Le sentiment qui me reste de nos échanges, c’est qu’elle se plait ici mais aussi que la vie n’y est pas si facile. Déjà la seule électricité disponible est celle fournie par quelques panneaux solaires et parfois il faut choisir entre le frigo et la télé du papé. Côté santé, l’accès aux soins est difficile : il y a bien quelques dispensaires proposant à la fois médecine maya et «moderne», mais en cas de problème, il faut se déplacer en lancha vers Fronteras puis prendre un bus ou taxi, vers Puerto Barrios pour les cas plus légers ou carrément vers Ciudad Guatemala pour les cas plus graves (soit encore 7 heures de bus, 7 heures pour parcourir 250 km, cela vous donne une idée de l’état des routes et de la circulation !)


Quant à l’éducation, l’état rémunère quelques maîtres d’école mais en nombre totalement insuffisant et là encore, les villageois doivent se débrouiller par eux-mêmes.


De toute façon pour les études plus longues, il faut aller à la ville et cela engendre des frais insurmontables pour la plupart.



En fait, on peut dire qu’ils sont pratiquement abandonnés par l’état, alors ils s’organisent comme ils l’ont toujours fait en s’appuyant sur les Cocode, Consejo Comunitario de Desarrollo (conseils communautaires de développement). Plusieurs villages se regroupent et les différentes communautés élisent un conseil d’hommes et de femmes qui vont décider des actions à mener : les projets de développement à mettre en place et l’utilisation des gains en découlant. Le type de projet mené peut être l’aménagement d’une zone pour les touristes, par exemple une grotte ou des sources d’eau chaude. Ils font au mieux avec les moyens dont ils disposent ainsi pour visiter la grotte en question, un guide vous expliquera la longue histoire des mayas dans ces lieux mais vous vous aventurerez sur des marches glissantes en vous appuyant à une rampe de fortune à la lumière d’une lampe électrique… L’argent collecté est utilisé pour faire vivre un petit dispensaire, défrayer les personnes qui viennent compléter les instituteurs « officiels », installer des panneaux solaires….



Livingston la ville des garifunas

Juste un aperçu de la ville

Linvingston est une ville particulière à bien des égards. Déjà, c’est une ville à laquelle on ne peut accéder qu’en bateau. La deuxième est que la population qui y habite est très différente de celle du reste du Guatemala, ici pas de mayas mais les garifunas. Selon le Guide du Routard, cette ethnie serait née sur l’Ile de Saint Vincent au XVIIème siècle d’un métissage entre amérindiens et esclaves noirs échappés des mains des anglais. Ce peuple fut déporté plusieurs fois d’abord en Jamaïque puis à Roatan au Honduras, lieu duquel ils sont partis s’installer dans différents points de la côte dont Linvingston.


Livingston : la ville des Garifunas... plus africains que mayas


Nous n'avons que peu visité cette ville, dommage car il parait que la culture, la musique et le rhum arrangé y ont une saveur particulière mais on nous avait fortement déconseillé d’y rester longtemps à l’ancre pour cause de vols…



Et un coup de stress

Tout avait pourtant bien commencé...

Pour nous, Livingston restera tout de même un souvenir un peu stressant car c’est là que nous avons réalisé les formalités d’entrée et l’affaire s’est avérée un peu tendue !

Tout le monde nous avait recommandé de faire appel à un agent, Raoul Morales, pour faciliter l’entrée, conseil que nous avons suivi. Nous avions prévenu de notre venue en amont et avons repris contact avec l’agent à notre arrivée. Comme convenu, une lancha arrive et s’amarre à Shazzan avec à son bord, un employé de Raoul Morales et un douanier. Dominique les accueille seul car je suis en train de faire une sieste (sieste bienvenue après les 5 jours de navigation assez difficiles depuis Cuba… difficile genre le vent tourne de 30° sans arrêt ce qui t’oblige à passer ton quart à régler les voiles et genre tu vis dans une machine à laver position essorage et de surcroit une machine à laver penchée !). Le douanier commence à examiner nos papiers de sortie de Cuba et là demande l’original du document à Dominique ! Mais problème, car le papier dans les mains de ce cher douanier est l’original et le seul en notre possession. Le douanier n’y croit absolument pas car même si le tampon est bien «original» il s’agit d’une copie carbone. En effet, faute de moyens à Cuba, les 2 exemplaires originaux (un pour les douanes cubaines, un pour nous) ne sont pas imprimés mais remplis sur deux formulaires entre lesquels est intercalée une feuille de papier carbone. Enfer et damnation, nous n’avons pas fait attention et nous avons la copie carbone et non celle écrite au stylo.

Mais le temps s'est couvert au sens propre et figuré !!!

Dominique explique en anglais à l’agent de Raoul Morales qui traduit en espagnol au douanier. Le douanier insiste et demande à voir l’ensemble des documents remis à Cuba et là il tombe sur le formulaire d’entrée à Cuba (des formulaires identiques avec seulement une case Entrée et Sortie cochée différemment) qui lui est l’exemplaire écrit au stylo : voilà ce qu’il veut… Il examine le document et regarde Dominique d’un air dubitatif «plus d’un mois pour venir de cuba !» Dominique explique que c’est le document d’entrée et que donc c’est notre date d’entrée à Cuba et non de sortie. Rien n’y fait, le douanier ne veut rien savoir, il exige un original avec une date cohérente. Dominique a beau lui montrer les tampons sur nos passeports, rien n’y fait. En désespoir de cause Dominique lance sous forme de boutade «je ne vais quand même pas retourner à Cuba» mais le douanier ne goute manifestement pas son humour car il lui répond que si, c’est la seule solution !


Ouf, nous pouvons entrer au Guatemala !

Au cours de la discussion, le douanier demande à quelle marina nous allons et comme Dominique a oublié le nom, il vient me réveiller et m’explique brièvement la situation.


Je monte dans le cockpit avec mon plus beau sourire et je fais l’innocente, si, si je peux le faire… Hola Monsieur le Douanier…. Et bla bla bla, bla bla bla… ah vous parlez espagnol Señora, muy bien…. Et bla bla bla, bla bla bla, on est heureux d’être au Guatemala, tout le monde nous a dit que c’est un pays merveilleux, que les gens y sont très gentils... Ah vous savez on vient de France, on a beaucoup navigué… petit à petit, le douanier se déride et me sourie jusqu’au moment où il dit «allez donnez moi vos papiers, c’est bon»…



Ouf, mon numéro de charme a marché mais je pense surtout que le fait de parler la langue même moyennement bien est un véritable sésame en voyage.



Suivi d'une belle récompense

Une fois les papiers bien au chaud dans la table à carte, nous avons mis en route pour remonter le fleuve Rio Dulce. Ce matin là, sous une pluie battante, nous nous sommes pris pour de vrais aventuriers. Imaginez un canyon serpentant dans la jungle, une jungle qui semblait respirer comme si les arbres exhalaient des nuages qui ne rêvaient que de se mêler au ciel. Ajoutez-y des lanchas abritées sous des surplombs rocheux ou le couvert des arbres bordant la rivière et les cris des animaux... C'était juste un moment suspendu, un moment inoubliable.


Malheureusement la vidéo ne reflète pas vraiment la magie du moment !



…… Suite au prochain épisode….

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