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Pérou #2 :  La montagne aux 7 couleurs

  • voiliershazzan
  • 24 sept. 2024
  • 7 min de lecture

Lors de notre séjour chez Isabelle et Laurent au Brésil, leur voisin Yvan, nous avait montré avec un immense enthousiasme, les photos qu’il avait prises à la Montagne aux 7 Couleurs tout en précisant bien que la beauté du panorama était à la hauteur de la difficulté pour y accéder… une hauteur de plus de 5000 mètres ! Bon, certes, nous avons oublié les maux de têtes et les vertiges qui nous ont bien embêtés les premiers jours, mais là, on parle d’une randonnée à 5000 donc bien au-dessus des 3500 de Cusco !


Vinicunca, la montage aux 7 couleurs et au fond  la vallée rouge... ça donne envie quand même !
Vinicunca, la montage aux 7 couleurs et au fond la vallée rouge... ça donne envie quand même !

Nous avons tous les deux très envie d’y aller, mais doutons tout de même que ce soit possible pour moi. Je propose à Dominique d’y aller seul et je me fais direct renvoyer dans mes lignes : "Hors de question ma chérie ! On est une équipe, on visite en équipe donc ensemble".


Étudions quand même la question

Nous envisageons diverses alternatives avec des agences et des guides indépendants. Nous rencontrons Noemi qui nous explique qu’il y a deux voies d’accès pour la montagne aux 7 couleurs aussi connue sous les noms de Montagne Arc-en-ciel ou Vinicunca :

  1. Par Cusipata : la voie la plus utilisée car la plus sûre qui combine randonnée équestre et pédestre et présente l’avantage d’être accessible par toute météo,

  2. Par Pitumarca, une voie qui peut être dangereuse en cas de fortes pluies mais une option qui permet de limiter au maximum la marche à pied en réalisant une partie du trajet à moto, Noemi ajoutant que le trajet en 2 roues est quand même un peu tendu car il se fait sur des chemins en lacets très caillouteux !


Elle nous propose une solution « privée » : nous serons ses seuls clients pour la journée, nous pourrons prendre tout le temps nécessaire mais nous ne connaîtrons la voie d’accès qu’au dernier moment en fonction de la météo, la décision revenant au chauffeur de la voiture.


En route pour Pitumarca : un aperçu de la vie andine

Bon ce n'est pas gagné cette affaire mais vu les photos et l'enthousiasme dont a fait preuve Yvan, nous pensons que ça vaut le coup de tenter. Nous retrouvons donc Noemi très très tôt le matin et après discussion avec le chauffeur Eliseo, ils optent pour l'option Pitumarca.

L'itinéraire via Pitumarca : moins de marche à pied mais plus risqué surtout en cas de pluie !
L'itinéraire via Pitumarca : moins de marche à pied mais plus risqué surtout en cas de pluie !

Une fois la route principale quittée, nous empruntons une piste en bon état qui suit une rivière en fond d'une vallée et traverse des petits villages ; nous croisons des enfants qui partent à l'école, des Péruviens avec leur bonnet coloré et des dames avec leur jupe large et leur chapeau...


Plus loin, nous nous arrêtons pour laisser passer une bergère qui conduit son troupeau de lamas et d'alpagas.


Vous remarquez les "pompons rouges", ils ne sont pas là pour le folklore mais ils servent à identifier les mâles.



Le chemin s'élève ensuite à flanc de montagne, redescend, remonte, traverse des gués de rivières et petit à petit nous prenons de l'altitude et la piste devient caillouteuse et sinueuse. Parfois la voiture (une voiture de ville et non un 4*4 !) frôle le précipice et vous imaginez bien qu'il n'y a pas de barrière de sécurité ou de blocs de pierre pour limiter les sorties de piste… Heureusement, Eliseo conduit très bien, les échanges avec Noemi sur la vie péruvienne et la beauté des paysages nous fait complétement oublier les chaos du véhicule !


Nous découvrons des paysages somptueux et gigantesques, avec des sortes de terrasses naturelles qui scarifient les pentes, des versants de montagne où les jaunes des grandes herbes le disputent aux argentés des cactées, des escarpements rocheux rouges, verts, grisâtres qui dessinent un chaos minéral sur des parois qui déclinent tous les nuances des ocres et des bruns...


Malheureusement, nos photos ne reflètent que très mal la puissance de ces paysages !

C’est impressionnant et chaque virage nous dévoile un nouveau panorama, une paroi verticale, des roches aux formes improbables, une zone humide où barbotent des volatiles genre canard, un troupeau de lamas qui broute en liberté dans ces hauteurs de la cordillère des Andes ou un groupe d’alpagas qui attend patiemment de grandir dans un enclos entouré de petits murets de pierres empilées avant de partir dénicher des petites touffes d’herbes cachées entre les cailloux…


Les affaires sérieuses vont bientôt commencer

Le temps passe vite et nous voici arrivés au poste de contrôle d'accès au site où nous nous acquittons d'un droit d'entrée destiné aux communautés locales.

Les plus sportifs montent à pied à partir d'ici, moi j'ai préféré la moto... enfin, je n'avais pas vraiment le choix !
Les plus sportifs montent à pied à partir d'ici, moi j'ai préféré la moto... enfin, je n'avais pas vraiment le choix !

Nous nous garons sur une grande étendue pierreuse où des motos attendent leur passager pour les rapprocher du point de vue... Nous ne voyons pas encore Vinicunca mais la majesté d'un sommet enneigé nous rappelle que nous sommes très en altitude, Noemi nous indique d'ailleurs que la montagne que nous admirons dépasse les 6000 mètres.


Vertiges et palpitations

Je suis toute guillerette et déterminée quand je descends de la voiture mais dès les premiers pas, je ressens l'altitude : mon cœur s'emballe et la tête me tourne. Noemi sort une bouteille avec un liquide jaune-vert dans lequel flottent des herbes, c’est de l'agua florida de sa composition, une préparation que l'on respire après en avoir versé quelques gouttes dans ses mains. L'effet est instantané et je me sens tout de suite mieux ; je suis toutefois son conseil et c’est tout doucement que je repars afin de laisser la belle machine qu’est le corps humain s'accoutumer à ces conditions inconnues de ma mécanique plus habituée au zéro du niveau de la mer.


Dérapages et serrages de fesses

Nous engageons 3 chauffeurs et nous voilà partis sur des motos de trial. La pente est raide, le chemin caillouteux mais on sent que les pilotes maîtrisent, même dans les virages en épingle à cheveux où les motos dérapent régulièrement. Je serre les fesses mais j’ai conduit des motos à mon adolescence, certes sur l’asphalte mais les réflexes reviennent et j'accompagne sans problème les mouvements de la moto.


Mais où est passé l'oxygène ?

Une fois descendus des motos, nous apercevons la Montagne aux 7 couleurs mais il nous faut encore grimper à pied pour accéder au point de vue... et croyez-moi, grimper à cette altitude n'est pas une affaire aisée, je m’essouffle très vite et je marche à la vitesse non pas d’une tortue mais d’un paresseux !


Marcher à 5000 mètres, c'est dur dur pour la capitaine de Shazzan !

Lors d’une de mes nombreuses pauses, nous voyons arriver un groupe de français dont certains, pourtant bien plus jeunes que moi, respirent sur des petites bouteilles d’oxygène et je dois bien vous le confessez (même si je n'en suis pas très fière !), cela réconforte un peu mon égo. Au bout du compte, toutes les difficultés endurées s'effacent à l’arrivée car le panorama est juste dingue !



Et là, wouahhh!!

Nous pouvons enfin admirer Vinicunca : wouahhh, c'est difficile d'imaginer que la nature a pu créer une telle montagne ! C'est vraiment incroyable ! La réalité est à la hauteur des photos que nous avions vu avec Yvan.

Des stries tellement régulières que l'on a du mal à croire que c'est naturel... et pourtant !
Des stries tellement régulières que l'on a du mal à croire que c'est naturel... et pourtant !

Vinicunca tient ses couleurs de la sédimentation de plusieurs minéraux :  du rose, du blanchâtre, du jaune, du vert, des bruns, du rouge, autant de couleurs issues de mélanges de minéraux dont je vous épargnerai ici la composition mais dont il faut bien se souvenir qu’elles sont filles du temps et de Mère Nature !



Les stries de couleurs régulières se détachent sur le bleu profond du ciel. Nous avons vraiment de la chance car la météo n’est pas tous les jours de la partie et parfois neige, pluie ou brume masquent le panorama !  



La photo traditionnelle
La photo traditionnelle

Nous apprenons que le site de Vinicunca n'a été découvert qu'en 2015 car avant, la Montagne aux 7 Couleurs était cachée sous les neiges éternelles... D’ailleurs, Noemi nous explique, qu’autrefois, tous les sommets avoisinants étaient recouverts de neige, probablement un effet du bouleversement climatique...



Nous sacrifions à la traditionnelle photo avec les alpagas de service puis nous nous posons un bon moment pour nous nourrir de cette beauté et immortaliser cet instant dans nos cœurs et nos têtes.



Des "marches de guingois" agrémentées de petits cailloux qui glissent : la galère !!!
Des "marches de guingois" agrémentées de petits cailloux qui glissent : la galère !!!

Nous redescendons par un autre chemin fait de marches de pierre de guingois et de petits cailloux qui roulent sous les pieds et menacent l'équilibre à chaque pas. Malgré l’aide de Noemi et Dominique, c’est difficile, ça glisse et je dois parfois me mettre sur les fesses pour ne pas risquer la chute.



Quand nous rejoignons les motos, je suis épuisée, épuisée par ces épreuves physiques, l’altitude et le froid, car si au soleil il fait plutôt bon, dès qu'un nuage obscurcit le ciel ou qu’une rafale balaye la montagne, une sensation de froid nous envahit très vite et nos doigts deviennent gourds.



 

Ça valait vraiment la peine !

Oui je suis épuisée à en trembler mais je souris jusqu’aux deux oreilles : je me sens emplie d’un infini émerveillement devant la beauté de la nature et d’une immense gratitude pour mes deux assistants montagne !  


Nous redescendons en moto puis reprenons la voiture pour rentrer à Cusco en suivant le même itinéraire, de toute façon c'est le seul sur ce versant de la montagne.


Le soleil au zénith nous révèle encore plus crûment qu’à l’aller les couleurs tranchées et les reliefs des montagnes et c’est à des moments comme celui-là que je suis frustrée de ne pas pouvoir randonner en pleine nature, loin des sentiers battus par les touristes et des véhicules à moteur… Bon, je ne vais quand même pas me plaindre après cette incroyable journée, une journée que je n’oublierai pas de sitôt !  


Merci la vie !

 

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© 2021 Voilier Shazzan

Crédit photo : Equipage Shazzan, Machin Truc, Violaine Parcot,

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