top of page

Brésil #1 : de João Pessoa à Rio de Janeiro

  • voiliershazzan
  • 14 avr.
  • 18 min de lecture

Après ces 25 jours de près avec notre amie Lisa entre St Martin et le Brésil, nous avons grandement apprécié de nous poser quelques jours à Marina Jacare avant de prendre un avion pour la France mi-février. Le 1er juillet, nous étions de retour au Brésil avec le projet de changer notre électronique avant de descendre vers l’Uruguay puis la Patagonie, avec Rio comme premier objectif.


Notre itinéraire de João Pessoa à Rio de Janeiro
Notre itinéraire de João Pessoa à Rio de Janeiro

Bienvenue au Brésil

Déjà, il faut savoir que le Brésil est un immense pays avec une surface de 12 fois la France, il est donc très différent du nord au Sud que ce soit du point de vue des paysages mais aussi du climat, de la culture et des populations avec, pour ce que nous vu, une grande disparité de développement économique et de niveau de vie !


Le Brésil jouit d’une réputation de pays dangereux, pourtant, ce qui nous a le plus frappé ici c’est la gentillesse des Brésiliens, toujours prêts à rendre service, toujours souriants et accueillants ! Bien sûr, nous ne sommes pas complétement naïfs et nous savons bien que certains coins sont dangereux, en particulier à Rio, mais nous n'avons eu pour notre part aucun problème et ne nous sommes jamais sentis en insécurité ! 


Notre plus grand challenge a été de gérer le côté administratif et là, la France est, je crois, battue à plate couture :  il faut faire des paperasses d’entrée et de sortie à chaque état abordé, avec, sinon ce ne serait pas drôle, des démarches variant d’un état à l’autre ! Si une visite à la Receita Federal est incontournable, les services de la Capitanha (Marinha do Brasil) et de la Policia Federal ne donnent pas toujours des documents ! Le problème, c’est que dans l’état suivant, on vous réclame ces documents et vous avez beau expliquer que vous êtes allés les voir mais qu’ils ne vous ont remis aucun papier, si vous tombez sur un rond de cuir comme à Rio, vous devez vous armer de patience et y retourner trois jours d’affilée en poireautant à chaque fois le temps que ce petit monsieur vous prouve son pouvoir ! Bon, je râle mais en général, les personnes ont été très professionnelles et surtout très gentilles avec nous !


Retrouvailles à Joao Pessoa

Il en faut parfois peu pour être heureux !

Comment vous dire ? Après une navigation que d’aucun qualifie « d’Everest du plaisancier », je ne sais pas si vous pouvez mesurer le plaisir de se retrouver au ponton d’une marina située sur le bord d’une paisible rivière, de dormir dans un lit horizontal et stable, de ne plus entendre ni le bruit des vagues frappant la coque ni le sifflement du vent dans la mature, le tout empreint de l’immense satisfaction (voir fierté !) d’être arrivés à bon port, une expression qui prend tout son sens dans ce contexte !

Ah, j’allais oublier le bonheur d’une vraie douche à l’eau douce et je dois bien vous avouer, que je n’ai pas eu un comportement très sobre en termes d’économie d’eau car j’ai longuement profité de cette onde bienfaisante sur une peau et des cheveux gorgés de sel !

Je n’ai pas boudé non plus le plaisir de la première caïpirinha même si, il faut bien le dire, elle m’est monté directement à la tête !


La marina Jacaré

La Marina Jacaré est tenue par Nicolas, un Français qui vit au Brésil, l’accueil y est excellent tout comme les infrastructures et les services proposés. De plus, Nicolas connait bien son affaire et il s’est avéré un vrai guide pour accomplir toutes les démarches d’entrée dans le pays et dans l’état du Paraíba.



Séquences émotions

Lors d’une visite plus approfondie de la Marina, nous découvrons un mur sur lequel de nombreux navigateurs ont peint leur emblème ou laissé leur nom !



Nous y repérons le logo de Zig-Zag, le bateau de nos amis Marie, Kevin, Zélie et Calypso rencontrés en Gambie ! 


Que de bons souvenirs entre le réveillon du nouvel-an dans la communauté rasta de Lamin Lodge et les moments partagés au Cap Vert avec notre très chère et regrettée Bernadette.




A  João Pessoa, nous retrouvons aussi Isabelle et Laurent qui se sont installés depuis peu au Brésil. Ils ont acheté une maison dans un condominio, c’est-à-dire dans un lotissement fermé et sécurisé avec gardiens à l’entrée et mise à disposition d’équipements collectifs comme piscine, gymnase ou salle de réception.


Nouvelle séquence émotion, quand nous parlons ensemble de notre ami Fred, le frère d’Isabelle. Fred était un ami avec qui nous avons beaucoup plongé sur la côte méditerranéenne… Était, car, malgré l’extrême rigueur qu’il mettait dans tout ce qu’il entreprenait, un accident d’escalade lui a été fatal.

 

Balades et moments de partage

Laurent et Isabelle nous ont invités à plusieurs reprises chez eux et nous avons partagé des repas avec leur voisin Yvan et sa famille, des moments quadrilingues car nous ne parlons pas Portugais et eux ne parlent pas Français donc chaque échange a pris beaucoup de temps entre les multiples traductions Portugais, Français, Espagnol et Anglais ! J’ai même fini par parler en espagnol à Dominique !  



Isabelle et Laurent nous ont très gentiment proposés de nous emmener en balade dans leur voiture, un grand merci à eux pour leur accueil.


 

Améliorations sur Shazzan : nouvelle centrale de navigation et marches plus sécurisantes

Mais comme vous le savez, en bateau, la to-do list est sans fin, et entre deux balades, nous avons bossé à bord : remise en route (rangement, avitaillement, installation de ce que nous avions remisé à l’intérieur pendant notre séjour en France…), plan et suivi de la fabrication de nouvelles marches plus larges et sécurisantes, installation de notre nouvelle centrale de navigation avec les instruments ramenés de France ! Et oui, Shazzan est de 2002 et plusieurs de nos écrans nous ayant lâchés, nous avons décidé de lui offrir un lifting électronique !  

Le nouveau système fonctionne parfaitement et je dirais même que le nouveau calculateur du pilote automatique est bien plus performant que l’ancien (que nous avons quand même gardé fonctionnel à bord comme pilote de secours, pas folle la mouche... euh la mouette) !



1er retard sur le planning initial : 2 semaines Nous serons donc restés à Joao Pessoa, du 9 au 16 février avec Lisa, puis du 1 juillet au 3 août après notre séjour en France, soit une escale plus longue qu’initialement prévue. Aucun regret, car nous avons pu découvrir un peu la région et passer d’excellents moments avec Isabelle, Laurent et leurs amis brésiliens.

En route pour Salvador pour faire le plein d’énergie !

Un Shazzan low-bat

Nous savions que nos batteries présentaient des signes de faiblesse, mais nous avons un peu traîné à nous en occuper (pas bien !!!) et en fin de compte, il s’est avéré compliqué de se faire livrer rapidement des batteries équivalentes aux nôtres. Nous avons donc interrogé nos amis Pikaia qui ont navigué au Brésil et aussitôt ils nous donné les coordonnées de Dominique, un Français (encore un !) qui gère Salvador Marina à … bien sûr Salvador de Bahia. Le Dominique en question ayant la réputation d’être un véritable couteau bahaniais (version locale du couteau suisse), c’est sûr, il pourra nous aider à résoudre notre problème ! Nous le contactons, il confirme pouvoir nous aider à trouver des batteries et nous décidons donc de prendre la mer.


Une Christine tout aussi low-bat

Ce fut fait le 3 août, mais misère, de misère, encore du près dans la mer agitée : commençant à voir le chrono tourner, nous sommes partis malgré une météo moyenne ! Nous aurions peut-être dû attendre quelques jours pour une navigation plus confortable car, après ces mois à terre et à la marina, un bon petit mal de mer a bien perturbé mes premiers jours de navigation. Cela dit, à cet endroit, le vent est souvent mal orienté pour naviguer vers le sud et souvent aussi assez fort, et ce ne sont pas les capitaines du RM rencontrés à Jacaré et que nous avons retrouvés par hasard dans un bar de Salvador qui nous contrediront, eux ils ont carrément cassé leur tête de mât et ont dû rebrousser chemin vers Marina Jacaré !  Bon heureusement, le vent a fini par tourner et la mer s’aplatir : enfin du reaching.


Enfin un bateau à plat !

 

Une chouette rencontre pour faire le plein d’énergie !

Nous avons vraiment beaucoup aimé notre séjour à Salvador de Bahia, séjour qui n’aurait pas eu la même saveur sans les conseils avisés et amicaux de Dominique (le Dominique qui gère la marina) ! Grace à lui, nous avons trouvé des batteries et il nous a conseillé tant pour les lieux à visiter, les restaurants où manger (bon marché avec prix au kilo ou chic pour mon anniversaire) ou encore les magasins où nous pouvions avitailler avec le meilleur rapport choix/prix.  C’est vraiment quelqu’un que nous avons beaucoup apprécié et je me souviens encore de cette chouette soirée passée à bord en sa compagnie en dégustant des tartines de Pain-Shazzan avec une boite de pâté offerte par Nelly, la filleule de Dominique (celui de Shazzan cette fois) !



Balade dans le centre historique

Nous avons arpenté le centre historique en profitant des musiciens et des danseurs qui se produisent dans la rue…


Bonfim : syncrétisme religieux, rites et fitas

Nous nous sommes aussi rendus à l’église de Bonfim.


Des bracelets porte-bonheur

A Bonfim, des milliers de bracelets, appelés « Fitas de Nosso Senhor de Bonfim » sont noués aux grilles et un peu partout, même à l’intérieur de l’église. Ces bracelets sont, depuis longtemps, considérés par les bahianais comme des porte-bonheurs.


Au début du 19ème siècle, un certain Manoel Antônio da Silva Serva, trésorier de la « dévotion de Nosso Senhor do Bonfim » de son état, a eu l’idée de créer un ruban afin de récolter des fonds pour l’église.  Ce ruban mesurait 47 cm, soit la longueur du bras d’une statue du Christ ramenée du Portugal et installée dans l’église de Bonfim, une référence qui lui a donné son nom de « Medida do Bonfim » (mesure de Bonfim).  A cette époque, les croyants déposaient dans la salle des ex-votos une image ou une petite statue représentant la partie de leur corps qui avait été soignée, afin de faire une offrande au saint ayant accompli le miracle. En souvenir, ils repartaient avec l'un de ces rubans de soie blanche brodé en fils d’or ou d’argent du nom du saint sollicité, ce ruban, porté en collier, servant de support à une médaille ou une croix.


De nos jours, un grand nombre de ces rubans sont portés en bracelet ou accrochés aux grilles par des touristes en une sorte de tradition folklorique avec photo sur les réseaux sociaux, mais Dominique (le gérant de la marina) nous a expliqué que pour les Bahianais, ce ruban est associé à une forme de spiritualité et qu’ils lui prêtent toujours le pouvoir d’exaucer des vœux. Le rituel consiste à attacher la fita de 3 nœuds, de faire un vœu pour chacun d'entre eux, vœux qui se réaliseront lorsque le ruban se rompra naturellement.



Le lavage du parvis des églises

Chaque année en janvier, les parvis des églises sont nettoyés par des Bahianaises en tenues traditionnelles au rythme du son de cantiques africains et du candomblé. La tradition remonte à janvier 1773, quand la fraternité des dévots a exigé des esclaves qu’elles lavent le parvis de l’église Bonfin avant que ne s’y déroule la fête dédiée au Senhor do Bonfim. Cette tradition a perduré même après la libération des esclaves et petit à petit, ce rite est devenu un hommage non seulement à Nosso Senhor do Bonfim mais aussi à l’un des dieux amenés dans leur bagage par les esclaves, à savoir le dieu Oxala. Il faut dire que comme beaucoup de pays colonisés et « évangélisés », la foi, par un effet de syncrétisme, allie la religion chrétienne et la religion des anciens esclaves africains. Il ne faut pas oublier que l’Etat de Bahia a été une plaque tournante de l’esclavage au Brésil.

2ème retard sur le planning envisagé :  1 petite semaine Nous avions envisagé une escale de quelques jours à Salvador ; finalement entre l’achat et l’installation des batteries ponctués de visites de la ville, nous y sommes restés une dizaine de jours, pour notre plus grand bonheur.

 

Deux gamins aux Abrolhos

Comme toujours, arrive le moment des adieux teintés de tristesse, mais comme nous devrions repasser dans le coin en revenant de notre tour du monde, il est bien possible que ces adieux ne soient que des au revoir ! Qui sait ? La route est encore longue mais on échange quand même avec Dominique, les numéros de téléphone persos pour pouvoir se retrouver dans quelques années. Quoi qu’il en soit, nous avons gardé longtemps le regard tourné vers la marina et je sais que Dominique nous a aussi regardé nous éloigner !  Ainsi va la vie du marin en voyage…

Mais l’avenir est devant nous alors au bout d’un moment, on regarde vers la proue et on commence à penser… aux baleines !



Oui, vous avez bien lu, aux baleines car nous nous dirigeons vers l’archipel des Abrolhos, une zone où les baleines à bosses migrent depuis l’antarctique pour venir se reproduire !



Nous sommes dans la période la plus propice pour les observer et elles nous offrent un véritable festival !



On en voit des dizaines et des dizaines, on entend leur souffle puissant parfois même avant de les voir !


Elles émergent une grande partie de leur corps hors de l’eau nous montrant leurs nageoires puis retombent dans des gerbes d’écumes...


Nous en voyons même deux qui tournoient, sautent ensemble et j’ai le sentiment d’assister à une parade amoureuse, un véritable ballet de nage synchronisée dansé par des géantes des mers !


Nous sommes comme des enfants, oubliant même d’aller dormir pendant nos quarts de repos diurnes pour mieux les observer. 


 

A un moment, plusieurs arrivent par l’avant bâbord de Shazzan, nous les voyons approcher et j’avoue avoir un moment la crainte qu’elles ne heurtent notre bateau. Comment résisterait Shazzan à un choc avec ces colosses, à la fois plus grands et bien plus lourds que lui ! Et puis je ne voudrais surtout pas que nous les blessions. L’espace d’un instant, je me sens bien fragile sur notre frêle esquif et inquiète pour ces magnifiques créatures ! Mais à quelques longueurs, elles sondent et passent sous le bateau !


 

J’avais entendu dire que les voiliers naviguant à petite vitesse comme nous étaient bien moins soumis au risque de collision que les Imoca du Vendée Globe ou les grands et rapides navires de commerce : ils iraient tellement vite que le « radar » des baleines n’aurait pas le temps de les détecter… Depuis, j’ai appris que les baleines à bosse ne disposent pas de ce « radar » et qu’il conviendrait de mettre le moteur même au point mort pour qu’elles nous entendent ! On m’a aussi dit que le risque de collision était plus important quand elles dormaient entre deux eaux !  Ce qui semble faire l’unanimité, c’est que plus le bateau est gros et rapide, plus les collisions sont fréquentes et violentes tant pour les animaux que pour les bateaux ! Nous nous informerons davantage et serons sûrement plus vigilants la prochaine fois mais à ce moment-là, nous étions seulement émerveillés, émerveillés comme des enfants un peu insouciants ! Peut-être que, finalement, quand nos enfants nous disent que nous sommes des gamins, ils n’ont pas tout à fait tort !

 

Vitoria, une escale qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable

Nous avions prévu de faire escale aux Iles Abrolhos et d’aller nager avec palmes, masque et tuba (plonger y est interdit) dans cette zone réputée pour sa faune et sa flore marine… mais Eole ne l’entendant pas de cette oreille, nous a contraint à nous mettre à l’abri à Vitoria, la capitale de l’état de Espirito Santo.


Au vu des tarifs pratiqués par la marina locale, nous nous sommes ancrés en face de la plage de Jurema, dans une anse à l’eau plus que trouble mais tranquille… En fait, nous avons simplement patienté en attendant une fenêtre météo car de distractions ou d’attractions il y en a peu, si ce ne sont les rameurs ou nageurs qui prennent possession de la rade au petit matin… Le musée du Chocolat n’est, il faut le dire, pas terrible avec sa boutique qui semble bien avoir été pensée comme le clou de la visite !



Nous avons aussi découvert la cathédrale métropolitaine et le Palacio Anchieta, mais nous n’avons pas été très emballés ! En fait, à ce moment-là, nous avions encore dans l’idée de descendre assez vite vers l’Uruguay et cette escale forcée ne nous enchantant pas, nous n’étions peut-être pas assez disponibles pour apprécier le charme de cette ville.


3ème retard sur le planning envisagé :  quelques jours Nous avions pensé à une escale rapide aux Abrolhos mais finalement nous avons dû patienter une semaine à Vitoria.

 

Cabo Frio… un cap qui porte bien son nom !

Un bruit inhabituel dans le vérin du pilote

Trois jours après notre départ de Vitoria, nous entendons un bruit inhabituel dans le vérin du pilote, il semble forcer plus que la normale et enchaîne de manière trop rapide des mouvements très saccadés. A ce moment-là, nous ne savons pas exactement ce qui se passe mais en tout état de cause, le pilote travaille trop et il faut le soulager. Nous affalons les voiles et mettons au moteur à petite vitesse. Nous prenons la barre et constatons qu’elle est dure, très dure, dure comme si le safran était relevé ! Nous vérifions le dispositif qui permet de le monter et de le descendre, les manettes sont dans la bonne position ! Nos sensations à la barre nous laissent vraiment à penser que le problème vient du safran, nous essayons de le manœuvrer en le remontant puis le redescendant mais le problème persiste et nous ne pouvons rien voir dans la nuit !  Nous décidons donc de rejoindre Cabo Frio, l’abri le plus proche, en barrant.  


Cabo frio, comme froid dans le dos

A l’arrivée dans la rade la plus proche du village, Dominique est à la manœuvre pendant que je tente de scruter les alentours du bateau dans cette nuit sans lune afin d’y repérer d’éventuels obstacles. Quand je lui hurle « Y’a des bateaux juste devant !!! », c’est déjà trop tard, nous sommes pris dans un mouillage, accrochés à un long câblot qui part d’une immense delphinière pour plonger dans l’eau plusieurs mètres plus bas ! Heureusement, Dominique parvient à nous sortir de ce mauvais pas avec pour seule séquelle, un chandelier tordu (bien tordu quand même). Heureusement que nous étions à vitesse très réduite et que le « conducteur » est excellent car le vent nous poussant sur le bateau, nous dégager n’était pas évident.  

Mais bon sang de bonsoir, pourquoi tous ces promène-touristes et autres bateaux de pêche sont ancrés ici sans aucune sorte d’éclairage !!! Impossible à détecter par une nuit sans lune !
Mais bon sang de bonsoir, pourquoi tous ces promène-touristes et autres bateaux de pêche sont ancrés ici sans aucune sorte d’éclairage !!! Impossible à détecter par une nuit sans lune !

Nous rebroussons chemin et partons dans l’anse voisine que nous espérons moins encombrée. Nous ancrons dès que la profondeur le permet et tant pis si nous sommes à bonne distance de la côte, au moins nous sommes seuls et loin de tout danger. Nous restons quelques temps éveillés bien qu’il soit 4 heures du matin et que nous soyons très fatigués après toutes ces péripéties qui ont complétement fait sauter les horaires de quart ! Nous restons sur le qui-vive un bon moment, non seulement pour valider que l’ancre est bien accrochée mais aussi parce qu’il faut attendre que notre taux d’adrénaline redescende pour envisager de trouver le sommeil.



Cabo frio, comme froid dans l’eau

Le lendemain matin, bouteille de plongée sur le dos et en maillot de bain, Dominique, optimiste se met à l’eau : il déchante rapidement, l’eau est vraiment frisquette. En réalité, à Cabo Frio sévit pratiquement en permanence un front froid ce qui explique et le nom du lieu et la température de l’eau. D’ailleurs, ceux qui ont suivi le dernier Vendée Globe ont sûrement entendu de nombreux marins pester après ce front !



Résultat de nos investigations, c’est le système hydraulique de manœuvre du safran qui dysfonctionne. Nous tentons de comprendre ce qui cloche en procédant à différentes manœuvres en obturant certains des tuyaux tout en les plongeant dans des mugs d’eau ! Mais rien n’y fait, nous ne savons pas ce qui se passe. Nous décidons d’interroger le fabricant qui nous indique, qu’au vu des éléments communiqués, ce n’est pas solutionnable sans sortir le bateau de l'eau :  il y a probablement une fuite due soit à un flexible qui a lâché soit à un problème d’étanchéité de la tige de vérin possiblement endommagée par des coquillages. Dominique, mon géo-trouve-tout parvient à caler le safran en position basse à l’aide de tasseaux en bois fixés par des rilsans et c’est grelottant qu’il termine cette réparation de fortune. Bien conscients qu’il ne va pas falloir forcer, nous prenons à nouveau notre mal en patience dans l’attente d’une fenêtre météo qui nous permette de nous rendre à Rio de Janeiro au moteur à petite vitesse, soit une navigation d’une vingtaine d’heures.  


A la recherche de solutions

En attendant, nous discutons avec le fabricant du vérin qui nous indique qu’il nous faudra procéder en deux temps :  identifier la panne, puis quand nous aurons reçu les pièces de France procéder à la réparation. Nous contactons aussi le chantier Alubat qui nous suggère, en attentant la réparation définitive, de bloquer mécaniquement le safran en position « navigation » : il suffit de percer un trou de part en part de la partie haute du safran et d’y glisser une clavette.


Nous décidons de sortir le bateau à Rio pour bloquer le safran de cette manière, nous ferons un état des lieux et réglerons le problème définitivement lors de la prochaine sortie de l’eau en Uruguay ou Argentine.

 

4ème retard sur le planning envisagé :  4 jours  Des jours d’escales absolument pas prévus qui s’additionnent aux précédents… et un petit rhume pour le capitaine (malgré le petit rhum !)

 

Dans un mouillage de rêve à Rio

Nous avions décidé bien en amont, de nous rendre au mouillage de Giovani, un bon plan que se passent les marins. Déjà, nous parlons là d’un de ces mouillages qui marquent la vie d’un marin, un mouillage de rêve au pied du Pain de Sucre et sous la protection du célèbre Christ Rédempteur qui veille sur la baie de Rio. De plus, ce mouillage au tarif très correct, est situé à Urca, l’un des quartiers les plus safes de Rio (même la Marinha do Brasil de Vitoria nous l’avait recommandé) !

Un mouillage de rêve entre Pao de Azucar et Corcovado !
Un mouillage de rêve entre Pao de Azucar et Corcovado !

En amont, nous avions déjà échangé avec Giovani par Whatsapp et il nous attendait. Il est venu à notre rencontre dès notre arrivée pour nous aider à amarrer Shazzan à l’une de ses bouées ! Ouf, le safran a tenu et nous voilà arrivés encore une fois à bon port !


Bon maintenant, opération sortie du bateau ! Mais nous avons oublié un détail, nous sommes au Brésil et tout prend du temps ! Nous envoyons des messages Whatsapp aux marinas disposant des équipements pour lever les 12 tonnes de notre Shazzan, mais nous découvrons qu’ici, bon nombre de marinas ne sont accessibles qu’aux « sociétaires » ce que bien évidement, nous ne sommes pas, et à la fin du compte, il ne reste que 2 possibilités. Nous décidons de plaider notre cause sur place, mais à Charitas, il faut laisser les infos du bateau et attendre que le chef revienne dans quelques jours, quant au Iate Club, nous ne parvenons même pas à trouver la bonne personne !

Nous en discutons avec Giovani, qui nous donne un contact au Iate Club… et miracle, nous obtenons une réponse, mais c’est la douche froide : il nous en coûtera 1 200 euros juste pour la sortie et la remise à l’eau, auxquels viendront s’ajouter les frais de stationnement ! Nous expliquons à Giovani que c’est vraiment très très cher et que nous n’avons besoin que de quelques heures à terre. Giovani prend alors les choses en main et il parvient à négocier une réduction de 50% sur les manutentions et ce, sans coût de stationnement : le bateau sortira en fin de matinée, restera sur sangles quelques heures (quasiment suspendu en l’air) pendant la pause méridienne puis il sera remis à l’eau. Nous acceptons cette proposition qui de toute façon est la seule possible. Le jour de l’opération « Safran for ever»,  nous nous nous mettons en mode « à fond, à fond » : nous n’avons que 2 heures pour le diagnostic et le blocage du safran. On a bien gazé, on a même eu le temps de nettoyer les passe-coques et de graisser l’hélice.



Mission accomplie, nous pouvons reprendre la mer en toute sécurité même si nous ne pourrons pas accéder aux zones peu profondes car notre tirant d’eau minimum vient de doubler, il est maintenant de 1.80 m au lieu de 0.90m !

 

5ème retard sur le planning envisagé :  1 semaine  Il nous aura fallu une semaine pour organiser la sortie du bateau et bloquer le safran, sans Giovani, je n’ose imaginer combien de temps cela nous aurait pris et … coûté !

 

Changement de programme !

Un retro planning s’impose car nous voudrions passer la Patagonie pendant l’été austral (entre décembre et février) et non seulement il faut se rendre à Ushuaïa mais il faut aussi préparer notre Shazzan pour cette aventure et en plus, maintenant, réparer l’hydraulique du safran !


Il faut se rendre à l'évidence

Il nous faut nous rendre à l’évidence, le planning est très serré et en plus notre visa de 3 mois au Brésil est déjà bien entamé. Nous pesons le pour et le contre : retarder encore d’une année notre passage dans le Pacifique augmente le risque que nous ne puissions finir le tour du monde car nous prenons de l’âge… mais d’un autre côté, filer à toute allure le long de la côte brésilienne sans rien voir ne correspond pas à notre vision du voyage et si on ajoute qu’un planning serré amène souvent à prendre la mer dans des conditions pas toujours optimums, la décision est vite prise, nous allons décaler la Patagonie d’une année.


Nous allons ainsi arrêter de speeder comme nous le faisons depuis João Pessoa! En fin de compte, nous n’avons pas vraiment profité des escales à cause du petit « tic-tac » qui nous trottait dans la tête et nous avons volontairement zappé des mouillages qui pourtant nous tentaient bien. De plus, nous nous réjouissons à l’idée de visiter Rio et de partager d’autres feijoadas avec Giovani, ses amis et les autres marins du mouillage.

Mais il faut prévenir tout le monde, Boris, notre équipier pour la Patagonie ainsi que tous ceux qui avaient prévus de nous rejoindre en Patagonie comme notre fils Jeremy. Nous sentons bien leur déception mais nous sommes certains que c’est la meilleure décision et tous en comprennent parfaitement les raisons.


Bon ok, alors maintenant on fait quoi ?  

Et si on partait en road-trip pendant 3 mois le temps de retrouver un visa tout beau tout neuf ! Moi j’irai bien au Machu Pichu ! Ah oui, le Pérou, bonne idée ! Pendant qu’on y sera, pourquoi ne pas aller aussi aller survoler les géoglyphes de Nazca et tremper nos orteils au lac Titicaca, un nom que nous avons bien retenu de nos cours de géo de primaire car il nous faisait rigoler ! Génial ! Tiens, on pourrait aussi aller voir Cielo au Mexique, on en profiterait pour assister au fameux Dia de Los Muertos ! Et puis, on pourrait aussi en profiter pour aller voir Ana & Palacio aux USA ! On a eu vite fait de remplir les 3 mois et encore on a dû renoncer (pour cette fois !) à aller faire la bise à Edolia au Guatemala, à tenter de fixer sur la pellicule les illusions d’optique du désert de sel d’Uyuni en Bolivie et même à aller vérifier si c’est bien vrai qu’un œuf tient debout tout seul en Équateur !



Au retour de ces 3 mois de voyage, nous aurons ainsi le temps de profiter de Rio et de descendre tranquillement vers l’Uruguay en musardant sur Ilha Grande et Paraty !!!! Ce qui fut dit, fut fait ! Mais chaque chose en son temps, nous vous reparlerons de nos tribulations péru-mexicano-américaines ainsi que de notre séjour à Rio et de nos amis cariocas (une pensée pour Giovani, Weber & Myriam et Maria) dans de prochains articles !

 

 
 
 

Comments


© 2021 Voilier Shazzan

Crédit photo : Equipage Shazzan, Machin Truc, Violaine Parcot,

bottom of page