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Slamer à Mexico ? Ma femme est folle !

Dernière mise à jour : 30 mai

A l'abri au Guatemala pour plusieurs mois pendant la saison cyclonique, fin août nos visas s'approchaient de leur date d'expiration. Deux solutions s'offraient à nous, payer pour les prolonger ou partir en escapade dans un autre pays…


Vous nous connaissez, nous avons opté pour la deuxième solution : direction le Mexique pour une visite sac à dos et bus !


Nous avons visité México Ciudad, Oaxaca et San Cristobal de las Casas.



Ce séjour a été tellement riche que nous allons vous proposer plusieurs articles pour vous le raconter ! Mais commençons par le début de l'histoire !


J'irai bien voir une scène slam à Mexico !

Une fois la décision prise, je cherche sur le net des infos sur Mexico et Mexico Ciudad... En effet, les mexicains appellent leur pays México et leur capitale Ciudad de México, ville souvent mentionnée dans les écrits par l'acronyme CDMX.


Une idée folle

Tiens, une idée : on pourrait aller voir une scène slam à Mexico ! Je cherche en ligne, et oui il y a une association Slam à Mexico, le Slamin Poetry Slam Mexico, je prends aussitôt contact Comikk MG le slam master.


- Bonjour Comikk, je suis Christine Tamèr une slameuse française. Je serai à Mexico en août et sais-tu s'il y a une scène à cette période ?

- Oui, le 19 août de 16 à 19h. Dis-moi si cette date te convient et nous t'inscrivons pour ouvrir la scène. Bienvenida !


- Mais, je n'ai pas de texte en espagnol ?


- Pas de problème, envoie une photo que je prépare une affiche t'annonçant comme poétesse invitée.

Rendez-vous est pris, je monterai sur scène à CDMX le 19 Août 2022... et là subitement, je comprends mieux quand j'entends Dominique dire "Ma femme est folle !". Pour le coup, il a raison, je suis folle et de surcroit carrément mais alors carrément stressée !

 
Le Slam : des tournois de poésie

Le slam est une forme de compétition de poésie, créé dans les années 80 à Chicago par Marc Smith. Le principe est simple, un animateur appelé Slam Master invite les participants à monter sur scène dans un ordre aléatoire. Chacun des participants dispose de 3 minutes pour déclamer sans accessoire et sans musique un texte qu'il a lui-même écrit sans contrainte de style ou de thématique.

Un jury (généralement 5 personnes), note chaque prestation. Les notes sont additionnées en excluant la plus haute et la plus basse. A la fin du tournoi, celui qui a le plus de points remporte le tournoi… c'est à dire juste une gloire éphémère et totalement aléatoire puisque le jury est choisi au hasard et note selon sa propre sensibilité au verbe et à l'expression scénique en prenant en compte ou pas les réactions du public.

L'idée est de faire des scènes de poésie un espace plus ludique et interactif et surtout un espace où la parole est libre. Concernant le style, contrairement à ce que beaucoup croient, on trouve bien sûr des textes "scandés" mais aussi des vers libres, des alexandrins, des chansons… Le slam peut aussi se décliner sous la forme de scène ouverte (sans notation), se poser dans la rue, dans un bar…

 

Mon premier slam franco-espagnol !

Bon ce n'est tout ça, mais il va falloir que je me prépare… et tiens, si pour faire honneur à mes hôtes, si je faisais une partie de mon texte en espagnol ? Dans les 2 secondes, je contacte une slameuse franco-espagnole Caroline Adler Mico pour me donner un coup de main (ou plutôt un coup de plume) pour traduire une partie de mon poème "Goutte d'eau".

Et puis pendant qu'on y est, pourquoi ne pas l'apprendre par cœur pour monter sur scène sans feuille de papier... Comme si le challenge de slamer en espagnol n'était pas suffisant pour une personne qui a commencé à apprendre cette belle langue il y a peu ! Non mais je vous jure, je suis incorrigible, mon enthousiasme habituel m'entraîne avant que je n'ai eu le temps de peser le pour et le contre !


J'ai rabâché, rabâché et encore rabâché, mis Dominique à contribution pour me faire répéter et finalement travailler la prononciation avec mon amie guatémaltèque Edolia ! Bon, comme vous verrez sur la vidéo, malgré tous ces efforts, aucun risque que l'on me confonde avec une native quand je parle espagnol !



Et c'est parti pour le show

Un accueil très chaleureux mais un sacré trac

Vendredi 19 Août 2022, 15h30, nous voilà devant le Foro Cultural Hilvana et j'en connais une qui n'en mène pas large. Les portes s'ouvrent et je rencontre les organisateurs. L'accueil est chaleureux et mes interlocuteurs m'expliquent le fonctionnement du slam au Mexique.

La scène se prépare, réglages des projecteurs, du son, de la vidéo. Le DJ qui assurera l'animation entre le passage des slameurs se met en place… Et le stress monte, monte, monte, monte d'autant plus quand je vois que la partie en espagnol de mon texte sera projetée sur grand écran pendant le spectacle (je l'avais envoyé avant). Ça rigole pas à Slamin México !



La salle se remplit, ça discute et surtout ça révise, qui sur la feuille, qui sur son smartphone, ça murmure son texte en fermant les yeux ou en déambulant. Le noir et le silence se font, les projecteurs s'allument et mon cœur bat la chamade, je crois bien que j'ai rarement eu autant le trac avant de monter sur scène... Pourtant je suis au taquet, je connais mon texte, j'ai fait mon dernier petit pipi et j'ai mon anti-sèche dans mon soutif !


Un, dos, tres, Slamin

Un, dos, tres, Slamin ! Les animateurs, Comikk MG, Selma Ce et Canuto Roldán lancent la scène et DJ Paolo Guerrero envoie ses premières pistes. Un, dos, tres, Slamin, et c'est au tour de "Tamar", une slameuse qui nous vient de France !



Une fois partie, rien ne m'arrête. Si au niveau expression scénique, j'aurais pu faire vraiment mieux sans trac, je ne bugue pas et mon anti-sèche restera sagement contre mon sein ! Applaudissements ! Un, dos, tres slamin, le jury donne ses notes que je n'entends même pas tellement je suis dans un état second et tellement je kiffe le moment !



La scène se poursuit et mes oreilles s'emplissent de toute la mélodie de cette langue espagnole ; même si je ne comprends pas tout, mon âme vibre au rythme des émotions que les slameurs nous livrent avec leur voix et leur corps : c'est doux, lent, rapide, saccadé, ironique, joyeux.



Je me prends une véritable claque quand une certaine Irène de Flores (dont le prénom dans la vie est Mariana) nous lance en pleine figure qu'elle défendra ses poèmes comme une bête sauvage, comme une mère, comme une louve veillant sur ses petits parce que les mots sont une arme et qu'elle, elle a dans ses mains le papier et l'encre, que les poètes détiennent un véritable pouvoir avec leurs mots !!! Mais je m'enflamme, patience… De l'incroyable Mariana je vous reparlerai bientôt dans un prochain article. Patience !



Peu après le passage de Marianna, Canuto vient me voir et me demande si je veux bien faire un deuxième texte pour clore la session... Bien sûr mon ami. Une fois tous les compétiteurs passés, "Tamar" remonte sur scène et tente tant bien que mal de présenter son "Rap de la ménagère" devenue pour la circonstance "El rap de la Abuela" et surtout d'inviter le public à participer…


Bon d'accord, même moi quand je revoie la vidéo, je m'aperçois des fautes d'espagnol monumentales, mais bon allez-y vous faire cet exercice sans préparation avec un micro, je vous assure, ce n'était pas évident ! Et c'est parti pour El rap de la Abuela avec une salle chaude comme une baraque à tortillas !


















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