Nous sommes donc arrivés à Santa Lucia le 17 février 2022 et nous avons ancré dans l’immense baie de Rodney Bay.
Nous avons débarqué tous les 3 pour les formalités et en traversant la marina, nous nous sommes posés des questions !!!
A la vue des maisons du port avec embarcadère privatif, pelouse taillée au millimètre arrivant jusqu’au bord de l’eau, si nous n’avions pas finalement pointé l’étrave du bateau vers Hawaï ! On a même cherché à apercevoir Magnum et son acolyte Higgins derrière les dobermans qui gambadaient sur le (vert arrosage automatique) jardin paysagé.
Nous ne sommes restés que quelques jours à Santa Lucia et dans le nord de l’île, dommage car il parait que le sud est plus authentique. Mais bon, le gros avantage d’un débarquement dans cette partie « américanisée » de l’île, c’est que nous avons pu déguster un steak XXL /frites /salade et une bière fraiche, le repas qui nous fait saliver quand nous débarquons après une longue navigation et donc un frigo plutôt vide.
Mais avant le steak, première étape : les formalités ! Le cauchemar kafkaïen du navigateur au long cours même si c’était plutôt rapide pour Rodney Bay !
Un point sur les formalités à effectuer dans chaque pays
Les ports d’entrée et sortie
Comme nous allons de pays en pays, nous devons à chaque fois montrer patte blanche et carte bleue pour entrer dans un nouveau pays, sous peine d’être considéré comme clandestin.
Tout d’abord il faut savoir que l’on ne peut pas arriver et repartir de n’importe quel endroit.
Chaque pays définit une liste de ports d’entrée et de sortie (généralement les mêmes) où sont présentes les administrations concernées et où vous devez impérativement vous rendre pour effectuer les formalités. Heureusement, il existe un site www.noonsite.com (qui est très bien fait et à jour) qui regroupe tout un tas d’informations concernant les formalités d’entrée/sortie, les possibilités d’avitailler en eau douce, en carburant, la monnaie, la sécurité...
Le visa
En tant que personne, il convient de se mettre en règle avec les services de l’immigration. Certains états imposent une demande de visa préalable mais dans la plupart des cas, vous pouvez l’obtenir en arrivant dans le pays.
En général, vous montrez votre passeport à l’agent d’immigration qui le vérifie et le tamponne avec la date d’arrivée. La durée de votre séjour est toujours limitée, par exemple à Santa Lucia, la durée autorisée est de 3 mois, à Cuba, elle est de 30 jours renouvelable une fois, au Guatemala 2 ans (pour info en France elle est de maximum 90 jours sur une période de 180 jours).
Le montant à débourser dépend du pays. Parfois les citoyens de certains pays, pour des raisons géopolitiques ne sont pas autorisés à entrer ou le sont sous des conditions particulières (à Cuba par exemple, les citoyens américains sont autorisés à entrer mais ils ne peuvent pas venir avec leur bateau si celui-ci bat pavillon américain).
La clearance pour le bateau
Quant à Shazzan il concerné par les services des Douanes. Nous devons faire ce que l’on appelle la « Clearance » à l’arrivée et au départ, démarches le plus souvent payantes.
La clearance, c’est ce qui autorise le bateau à séjourner dans les eaux territoriales du pays pour une durée déterminée et en exonération de droits et taxes à l’importation.
Des pays imposent aussi des contraintes sur certains produits (médicaments, denrées alimentaires, armes..) ou prévoient des inspections du bateau.
Parfois des autorisations particulières sont requises
Les formalités « standards » sont le plus souvent synonyme de temps et d’argent... Mais il faut aussi parfois obtenir des autorisations particulières, et si le permis de naviguer sur le fleuve Gambie vaut une dizaine d’euros, ancrer dans les eaux de Fernando de Noronha au Brésil vous coutera une somme rondelette (en 2022, 75 USD pour ancrer et 23 USD par personne et par jour de séjour auquel il faut ajouter la carte d’accès au Marine National Park de 65 USD/personne pour une période de 10 jours).
Et alors, c’est encore plus coton avec le covid
Encore là, tout dépend des états, mais une chose est sûre, tous les pays que nous avons visités avaient mis en place des formalités sanitaires spéciales Covid.
Si vous êtes vaccinés, vous êtes en général exempté de quarantaine mais jamais de contrôles, contrôles qui peuvent aller de la présentation de sa preuve de vaccination, au remplissage de formulaires attestant que vous n’êtes pas malade ou encore s’agrémenter d’une prise de température, d’un test PCR récent, ou d’un test antigénique à l’arrivée... tout est possible !
Sachez qu’en général, c’est le premier sésame pour entrer dans le pays... Par exemple, au Cap Vert, nous devions rester à bord en attendant que l’infirmière soit en place pour nous passer l’écouvillon dans le nez ! En général, la durée de validité du test PCR demandé est modulée pour les navigateurs pour tenir compte de la durée de navigation. Par exemple, à Santa Lucia le test PCR, pour les touristes arrivant en avion doit être fait les 5 jours précédant l’arrivée mais pour les marins, dans les 5 jours précédant le dernier embarquement.
De plus, certains pays vous demandent de vous enregistrer sur un site en ligne ou comme Santa Lucia, d’envoyer une série de documents 48h avant votre arrivée. Pratique dans le cadre d’une transat ! Heureusement, Marie-Christine en France s’en est occupé pour nous (un grand merci à elle).
Et bis repetita à la sortie du pays
Bien entendu, ce serait trop simple si les formalités n’étaient qu’à l’entrée. Hé oui, il faut toujours qu’une autorité quelconque sache où vous êtes, d’où vous venez et où vous allez... et donc il faut aussi faire les formalités de sortie du pays ! Il convient de refaire tamponner le passeport à votre sortie et si vous ne le faites pas, l’entrée dans le prochain pays sera compromise ! De même, il faut aussi obtenir une clearance de sortie que vous devrez montrer pour entrer dans le prochain pays visité. Parfois, il faut encore sortir le porte-monnaie !
Pratiquement, ça se passe comment ?
On commence par consulter noonsite et les sites officiels du pays pour savoir à quoi nous attendre. On prépare les démarches (tests covid, remplissage de formulaires en ligne, envoi de mails...) en amont.
Dès que l’on arrive au port d’entrée (port ou mouillage selon les recommandations du pays), nous hissons dans les haubans tribord le pavillon Q, un pavillon jaune, indiquant ainsi que nous demandons l’entrée dans le pays. Puis nous contactons les autorités à la VHF pour qu’elles nous donnent/confirment la marche à suivre : qui peut débarquer et quand, doit-on attendre le passage d’un agent à bord, dans quel ordre doit-on faire les démarches bien sûr le tout en anglais accent local ! Bonne chance !
Une fois tous les papiers en règle, votre porte-monnaie plus ou moins allégé et votre capacité à sourire et garder votre calme en toutes circonstances largement accrues, vous êtes officiellement admis dans le pays. C’est le moment d’enlever le pavillon Q et de hisser le pavillon du pays hôte, appelé pavillon de courtoisie !
Le seul état au monde à porter un nom de femme
Située sur le bord oriental de la mer des Caraïbes, juste au sud de La Martinique, Sainte Lucie ou plutôt Santa Lucia est une île de 620 km2 (45 x 20 km).
Sa une population est estimée à 188 000 habitants soit la population de la ville de Reims.
Nommée « Louanalao » (Pays des Iguanes) par les premières populations à y habiter (les Arawaks puis les Kaligano), elle est baptisée « Sainte-Lucie », en l'honneur de Lucie de Syracuse , par des marchands espagnols qui la « découvrent » au début du XVIe siècle. Sachez que Sainte-Lucie est le seul État au monde à porter le nom d'une femme mais bon, le pays des Iguanes, cela me plaisait bien et « Louanalao » cela plairait surement mieux aux descendants des Arawaks et des Kaligano !
Les Européens essayèrent en vain de s'y implanter et c'est la France qui commença à y établir une colonie et signa un « traité » avec les Kalinago en 1660. Néanmoins, tout comme pour Kunta Kinteh en Gambie, La France et le Royaume Uni s’en disputèrent la possession et ici cela dura 2 siècles. C’est finalement le Royaume-Uni qui en pris le contrôle complet en 1814. Cela explique pourquoi la majorité des habitants sont anglophones mais que le français est encore parlé dans le sud de l’île.
Un gouvernement représentatif local a été mis en place en 1924 et le pays est devenu indépendant le 22 février 1979, restant membre du Commonwealth.
Rodney Bay : port d’entrée et premier contact avec le pays
Comme je vous le disais en début d’article, Rodney Bay est taillé pour répondre aux besoins des nombreux touristes américains qui y passent leurs vacances. Le port est nickel et très sécurisé, tout le personnel habillé de polos blancs « Staff ». On se croirait vraiment dans un décor de film : les jolies maisons à colonnades, les bateaux à la coque bien blanche, le ponton spécial dinghy (annexe) à la bonne hauteur et proche des commerces (tiens donc !), les allées verdoyantes et fleuries, les grands panneaux d’accueil « Welcome », les nombreuses boutiques et restaurants avec sourire indécrochable des serveurs et serveuses qui viennent vous demander toutes les 10 minutes si tout va bien.
Par contre, pour l’achat de frais, gros contraste avec la Gambie où les fruits et légumes étaient terreux et de tailles et formes variables (comme dans la nature me direz-vous !). Ici, que des produits pelés, découpés et sous emballages plastiques... à des prix exorbitants ! On pensait acheter une salade et quelques fruits frais, bon tant pis, on finira les carottes un peu flétries et la courge qui nous reste ! Après les formalités et le restau, nous ne nous sommes pas éternisés car l’ambiance Yacht Club aseptisé et pimpant, très peu pour nous.
Après consultation des guides (un peu anciens) que Christine avait téléchargé avant le départ, décision est prise de se rendre à Marigot Bay, un endroit mentionné comme un peu sauvage et préservé.
Marigot Bay, c’est beau mais plus vraiment sauvage
Après quelques heures de navigation, nous sommes arrivés à Marigot Bay, une sorte de calanque entourée de collines verdoyantes bordant des eaux aux camaïeux de bleu... Et là, déboule un semi-rigide dont le conducteur nous informe que nous devons impérativement prendre un coffre (s’attacher à une bouée) car il est interdit de mouiller (mettre l’ancre) ... Il nous demande de le suivre et nous guide tout au fond de la baie....
Certes, c’est joli et bordé de mangrove... mais d’un seul côté car le reste de la calanque ressemble plus un hôtel-resort pour vacanciers fortunés qu’à un coin sauvage !
Fort heureusement, nous sommes en bordure de mangrove et avec vue sur une véritable carte postale plage et palmiers.
Malgré tout, ce lieu a quand même un petit air de paradis surtout en fin de journée quand les catamarans pleins de touristes ces sent leur ronde sonore !
Et nous avons dégoté un petit restau/bar sur pilotis avec vue sur le large, un lieu où vous passez directement de votre annexe au bar pour vous rafraichir avec une Piton, la bière locale !
Deux jours de farniente bien mérités après la transat et nous reprenons la route vers la Martinique via Rodney Bay... et là, en sortie de Marigot Bay, quelle ne fut pas notre surprise de voir des voiliers au mouillage dans la partie la plus « nature » de la baie ! Bon, au moins, nous aurons contribué à l’économie locale en payant la bouée, la leçon à en tirer est qu’il faut vraiment se renseigner en amont !
Comments