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Martinique, un ti-punch ma doudou



Étape suivante de notre périple : La Martinique et plus particulièrement Le Marin.


Pourquoi Le Marin ? Parce que c’est là que nous avons rendez-vous pour réparer notre radar et que de surcroit, cette ville est bien dotée en shipchandler (magasins d’accastillage) car beaucoup de voiliers qui transatent depuis l’Europe y atterrissent. Sur un bateau, surtout si on navigue beaucoup, il y a toujours quelque chose à réparer, refixer, nettoyer et comme nous avons quand même parcouru plus de 8 300 Milles Nautiques (15 500 kms) depuis Marseille, nous avons une jolie lise de travaux à réaliser mais nous ferons un article spécial travaux car c’est un sujet à lui seul avec son lot de vrais pros et de « bricolou, bricolette travaillent dans le nautisme ».


Cette escale martiniquaise a duré un certain temps puis que nous y sommes arrivés à 3 le 20 février 2022 et que nous l’avons quitté le 13 mars mais à 2 seulement car Bernadette a dû repartir vers sa vie terrestre. Avant son départ, nous avons loué une voiture et sillonné l’île pour profiter à fond des derniers jours ensemble.


Le marché ou comment approcher un pays en convoquant ses sens

J’adore aller sur les marchés des villes que nous visitons car ils immergent directement dans le pays au travers de l’odeur des épices, des couleurs des fruits et légumes, de l’ambiance sonore des marchands qui vantent leurs produits aux chalands... Et si on y trouve des stands avec des tissus ou des objets de la vie quotidienne, c’est encore plus saisissant.


Le marché de Fort de France ne nous a pas déçu...


Les christophines, les corossols et les bananes plantains jouxtaient les sachets d’épice maison (colombo, noix de muscade, curry...).


Les pots de confiture aux saveurs tropicales (ananas, mangues, goyave...) s’alignaient devant une haie de bouteilles de toutes tailles estampillées avec des étiquettes manuscrites donnant envie de tout goûter « Extrait de vanille », « Rhum arrangé », « Punch coco »...


Quant au célèbre « Bois Bandé », je vous laisse en deviner l’usage...


Les vendeuses trônant près de leur étal recouvert de tissus madras nous appelaient « ma chérie » ou « ma doudou » avec un accent créole qui a ravi les « zoreilles » que nous sommes : c’est certain, nous étions bien aux Antilles.


Les Jardins de Balata ou comment s’emplir les yeux de beauté

Nous y étions venus avec Alain, Brigitte et Arnaud, nos amis de l’Oise... Il y a... Vais-je vous le dire ? Eh bien, il y a 28 ans !


Sachez que j’ai grandi avec une binette et un sachet de graines à la main car je suis la digne héritière d’une lignée de femmes qui ont aimé faire s’épanouir des fleurs : ma grand-mère Berthe qui devait surveiller son Georges pour qu’il n’arrache pas tous les plants et semis disséminés dans la cour et le jardin et ma maman Suzanne qui obligeait mon père à transporter des dizaines de jardinières fleuries quand ils partaient en villégiature de plusieurs mois dans leur petite maison au bord de la mer ! J’ai donc toujours eu des fleurs à la maison, jardins ou balcons et Dominique se moque (gentiment) de moi quand je lui demande d’arrêter la voiture pour photographier des fleurs !


A ma grande déception, il m’a été impossible physiquement de visiter les Jardins de Balata car les chemins escarpés qu’il faut emprunter ne sont pas compatibles avec mes gambettes... mais Bernadette et Dominique m’ont rapporté des dizaines et des dizaines de photos pour me le faire visiter d’une autre manière !



La forêt tropicale ou comment faire le plein de vie végétale

Si les Jardins des Balata sont un espace paysagé regroupant des dizaines d’espèces, la forêt tropicale donne elle dans la démesure et la luxuriance. Des fougères arborescentes gigantesques déploient leurs ombrelles aussi haut qu’elles le peuvent pour profiter tant bien que mal d’un peu de la lumière du ciel. Des lianes jouent à la balançoire sur les branches d’arbres immenses au fût élancé, arbre qui ne sont pourtant que des petites plantes vertes végétant dans leur pot de plastique dans les intérieurs européens. Des balisiers sauvages jouent les peintres impressionnistes en posant des points rouges et oranges sur les verts profonds et humides des sous-bois.


On sent ici que la nature ne demande qu’à croître, qu’à reprendre possession de tout l’espace disponible et on imagine que maintenir les bas-côtés de la route dégagés doit être un travail sans fin. Vous dire, on a vu des piquets de clôture reprendre végétation ! On imagine aussi toute la vie qui doit grouiller sous ce couvert végétal inextricable !



Nous avons tous les trois étés impressionnés par cette forêt, peut-être parce qu’elle contraste avec le côté minéral des îles du Cap Vert que nous avons visitées mais peut-être aussi parce que nos yeux se sont habitués à un horizon tout bleu !


St Pierre ou comment s’immerger dans l’histoire volcanique de l’île


La catastrophe de l’éruption volcanique de 1902

La majorité des touristes profitent des plages de sable blanc du sud de la Martinique, pourtant le nord de l’île montre un caractère qui me semble plus authentique. Et puis, l’histoire de la Martinique c’est aussi l’histoire de St Pierre qui a vécu une catastrophe en 1902 avec l’éruption de la Montagne Pelée, l’éruption la plus meurtrière du XXème siècle. Sa nuée ardente du 8 mai 1902 a, en quelques minutes, entièrement détruit ce qui était alors la plus grande ville de la Martinique. Elle a décimé la population, plus de 30 000 personnes (soit 1/5e de la population de l’île à l’époque) épargnant seulement trois habitants parmi lesquels Louis-Augustre Cyparis qui ne doit sa survie qu’aux murs épais du cachot où il était enfermé suite à une bagarre dans un bar.

La nué ardente a fait couler la vingtaine de navires présents dans la rade et les quelques marins secourus par le navire le Suchet sont morts une fois à quai, seule une vingtaine a survécu.

Le plus terrible, c’est que tous ces morts auraient au moins en partie pu être évités si les instances administratives, sur instructions ministérielles n’avaient pas refusé, aux vues des signes annonciateurs de la catastrophe de faire évacuer la ville et de laisser appareiller les navires au mouillage dans la rade ! Et devinez pourquoi ces décisions... eh bien pour assurer le second tour des élections législatives prévue le 11 mai !



Plonger au sens propre dans l’histoire


Les navires coulés lors de la tragédie de 1902 reposent toujours au fond de l’eau de la rade de St Pierre, elles sont considérées comme un patrimoine culturel.


Afin de les préserver au mieux, une zone en forme de triangle a été définie comme interdite au mouillage. Des corps-morts avec bouées ont été installés pour permettre à tous les bateaux de plongeurs professionnels ou non de s’amarrer.


Nous avons plongé sur deux de ces épaves : le Yacht Italien et le Dahlia. Nous n’avons pas exploré le célèbre Roraima que nous avons jugé trop profond pour nous (55 mètres, bien trop pour notre soixantaine et une dernière plongée qui remonte à deux ans !).


Cela ne nous a pas empêché de penser avec émotion à cette catastrophe lors de nos immersions sous-marines et de nous remémorer que la nature est plus forte que tout : elle peut détruire mais aussi redonner vie, car ces épaves sont devenues des îlots de vie avec une faune fixée riche et de nombreuses espèces de poissons qui gravitent autour où s’y cachent.


Les rencontres ou comment se souvenir que nous sommes en France

La Martinique est une destination prisée par les métropolitains, qu’ils y viennent en avion ou en voilier...


Et lors de notre séjour au Marin, nous avons eu l’occasion de nous en rendre compte car nous y avons retrouvé Fabrice et Anne-Sophie avec qui nous travaillions dans notre vie d’avant, puis Christelle qui travaille au port de Corbières à Marseille (c’est elle qui a réceptionné des dizaines de colis pour nous lors de la préparation de Shazzan pour le grand voyage... merci Christelle !) et nous avons loupé de peu Jade, une artiste qui jouait au Off du Festival d’Avignon la même année que nous. Nous avons aussi pris un deuxième apéro avec Jean sur son Ovni "Mångata" (qui signifie en suédois la route tracée par le reflet de la lune sur l'eau), le premier ayant été partagé avec vue sur le Douro à Porto lors de notre rencontre en août 2021.


Et j'ai aussi beaucoup pensé à ma première transat en 2000, une transat qui m'avait aussi amenée au Marin avec un équipage de 7 messieurs avec une pensée particulière et amicale pour mon binôme de quart Patrick...


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