Perchée à 1500 mètres d'altitude et encerclée par des volcans. Antigua est probablement la ville la plus touristique du Guatemala, on y entend parler anglais, allemand, français... autour des étals de souvenirs tous autant colorés les uns que les autres.
Ici plus que n’importe où au Guatemala, on ne peut oublier que ce pays fut colonisé par les espagnols.
A chaque détour d'une de ses rues pavés, on découvre une église ou un couvent catholique, on s'émerveille devant des façades colorées de jaune, de turquoise, de rose... et sur la place centrale, on déambule sous les arcades des bâtiments de l'ancienne administration coloniale.
Je ne vais pas ici vous raconter l'histoire de la ville ni vous faire visiter le musée de la jade ou une finca de café... vous trouverez toutes ces infos sur le net ! Je préfère vous raconter ce qui m'a interpellée !
La fête au village : entre défilés et manifs !
Petit déjeuner à la Casa Santorini avec notre amie Cathy et nous entamons la conversation avec la jeune femme qui officie sur le toit terrasse pour nous préparer une belle assiette œufs, haricots noirs et fruits. Elle nous parle de sa ville et surtout de la grande fête d'Antigua prévue cette semaine qui promet d'être mémorable après une interruption de plusieurs années pour cause de Covid. Demandez le programme : défilé avec les écoles, les associations, la municipalité et bien sûr le roi et la reine d'Antigua, procession religieuse catholique et le soir méga-concert sur la place centrale avec 5 des groupes les plus connus d'Amérique Centrale. On est bien d'accord.... on ne va pas louper ça !
Avons-nous été télétransportés en Europe ?
Nous voilà installés sur les marches de l'église attendant avec impatience l'explosion de couleurs des tenues traditionnelles mayas qui ne va pas manquer d'enchanter le défilé... Le défilé arrive devant nous... mais où sommes-nous ? Au Guatemala, vraiment ? Ou à la cour du roi d'Espagne ? Car nous ne voyons poindre aucun huipil mais bien des robes longues à froufrou qui nous rappellent plus les fastes de la cour d'un monarque européen que le monde maya !
Et pour le son, c'est tout aussi surprenant car entre les fifres et les valses on se croirait bientôt plus à la cavalcade de Gémenos qu'à Antigua Guatemala ! Heureusement qu'il y a quelques batucadas et joueurs de marimba au milieu des majorettes pour nous rappeler où nous sommes !
Finalement non ! Car chez nous, les manifestants auraient été exfiltrés !
A un moment, nous apercevons au bout de la rue de grandes banderoles dont nous comprenons rapidement qu'elles ne sont manifestement (et là c'est juste le bon mot) pas prévues au programme. Des tracts sont distribués aux spectateurs pour expliquer que la population ne va pas laisser faire la municipalité qui voudrait détruire le marché couvert au profit d'immeubles pour les touristes.
Il faut savoir que ce marché, fréquenté autant par les guatémaltèques que par les touristes, permet à une bonne partie de la population de vivre car il héberge de nombreux petits commerces : artisanat, vente de fruits et légumes, quincaillerie, textiles.... Les habitants ne veulent pas perdre leur gagne-pain ni, comme c'est souvent le cas dans les villes touristiques, être relégués dans une lointaine périphérie ! Le maire est mis sous bonne escorte pour rejoindre la tribune officielle !!!
La réalité est comme toujours loin des clichés !
Donc je résume, des guatémaltèques en costume "Louis ou Ferdinand et quelques" dansent la valse (presque de Vienne), des majorettes lancent leurs bâtons au milieu des fifres et des tambours et le maire de la ville avance entouré d'un cordon de policiers et de manifestants brandissant des banderoles et distribuant des tracts ! En France (de tout temps et encore plus actuellement !!!), vous pouvez être certains que les manifestants auraient été exfiltrés manu militari et bien ici, non, on les laisse même parler au porte-voix ! J'ignore s'ils ne sont que tolérés pour donner une image positive du pays aux touristes et j'ignore aussi s'ils seront embêtés ensuite par les autorités. C'est possible mais quoiqu'il en soit nous avons bien entendu les revendications des opposants au projet et j'ai eu la nette impression que le maire ne "faisait pas le malin" !
Un mega concert avec 5 groupes d'Amérique centrale
A l'angle du Parque Central, deux grandes estrades sont dressées pour accueillir 5 groupes d'Amérique Centrale parmi les plus connus : K'Trina, Kretinos, Grupo Rana, Malacates et Alux Nahual.
Super ambiance
L'après-midi avance et les différents groupes investissent la scène à tour de rôle pour les balances... La place se remplit petit à petit jusqu'à être complètement bondée avec une ambiance très festive et tout le monde, qu'il soit en short ou en huipil danse en rythme sur la musique pop-rock ! Nous étions parait-il 80 000.
Un moment de ferveur avec Alux Nahual
Le moment pour nous, le plus marquant est quand le groupe Alux Nahual a entonné sa chanson "Aqui esta nuestra tierrs" (Ici, c'est notre terre) : des milliers de personnes se sont mises à chanter avec une grande ferveur et les lumières des téléphones ont formé une vague scintillante au dessus de la foule ! Chair de poule garantie !
Proposition de traduction (sans garantie) des paroles de la chanson
Aqui esta tu tierra (Alux Nahual) Vives en una gran ciudad (gran ciudad) Y tienes el cambio a tu favor Y ya casi no recuerdas tu pueblo Aquel pequeño y soñador Y los caminos que bajan al valle No te llaman la atencion mas Pues donde viven son mas anchas las calles y es mas grande la ciudad Vives en una gran ciudad (gran ciudad) Y tienes el cambio a tu favor Y ya casi no recuerdas la niña aquella que murio de amor Pues donde vives las mujeres son bellas Todas parecen modelos Pero cuando buscas su alma Te das cuenta que la perdieron frente a los espejos Pero aqui tenemos grande el corazon Y nos brillan mas los ojos que una estrella y aunque no llego la industrializacion (a tiempo) tenemos llenas de flores las praderas Vives en una gran ciudad (gran ciudad) Junto al relog con la campana Que te recuerda que el tiempo vuela Que el tiempo vuela y que te alcanza Y corres detras de la vida Pues la vida se te escapa Pues por correrla se te olvida la vida como se te olvido un dia tu casa Pero aqui tenemos grande el corazon Y nos brillan mas los ojos que una estrella Y aunque no llego la industrializacion (a tiempo) Tenemos llenas de flores las praderas Vuelve cuando quieras Aqui esta tu tierra Vuelve cuando quieras Aqui esta tu tierra Aqui esta tu tierra | Ici c'est ta terre (Alux Nahual) Tu vis dans une grande ville (grande ville) Et tu as le changement de ton côté Tu te souviens à peine de ton village Ce petit village de rêve Et ses chemins descendant vers la vallée N'attirent pas plus ton attention Car là où tu vis, les rues sont plus larges et la ville est plus grande Tu vis dans une grande ville (grande ville) Et tu as le changement de ton côté Et tu te souviens à peine de la petite fille Celle qui est morte d'amour Car là où tu vis, les femmes sont belles Elles ressemblent toutes à des mannequins Mais quand tu cherches leur âme Tu réalises qu'elles l'ont perdue devant les miroirs Mais ici, nos cœurs sont grands Et nos yeux brillent plus fort qu'une étoile Et même si l'industrialisation n'est pas arrivée (à temps) Les prairies sont pleines de fleurs Tu vis dans une grande ville (grande ville) Près de l'horloge et de la cloche Qui te rappelle que le temps passe vite Que le temps passe et te rattrape Et tu cours après la vie Parce que la vie t'échappe Tu peux courir après, tu oublies ta vie Comme tu as oublié un jour ta maison Mais ici nous avons un grand cœur Et nos yeux brillent plus qu'une étoile Et bien que l'industrialisation ne soit pas venue (à temps) Et les prairies sont pleines de fleurs Reviens quand tu le veux Car ici c'est ta terre Reviens quand tu le veux Car ici c'est ta terre Ici c'est ta terre |
A la recherche des bâtons perdus... ou une belle histoire d'entraide
Et zut pour ne pas dire m**de, j'ai oublié mes bâtons de marche dans le tuk-tuk... et ça ce n'est pas une bonne nouvelle car sans bâtons, mon périmètre de marche diminue considérablement !
José mobilise son réseau
Nous sommes encore à Atitlan chez José et Dominga et José envoie aussitôt un message WhatsApp au groupe de chauffeurs de tuk-tuk de San Juan. Il nous propose ensuite de partir sillonner les rues du village pour essayer de retrouver notre tuk-tuk parmi les quelques 2000 du village... Sur le lieu où nous a déposés notre dernier chauffeur, il demande aux commerces équipés de caméras de visionner les enregistrements pour tenter d'identifier notre tuk-tuk.... Mais en vain, pas l'ombre d'un indice pour retrouver les fameux bâtons, ceci dit nous avons pris plusieurs tuk-tuk pour rentrer de notre journée de balade et je ne sais absolument pas dans lequel je les ai oubliés.
Gwendal cherche sur le net
Il va donc falloir en acheter de nouveau et nous contactons Gwendal, le gérant de la marina où nous attend Shazzan : il connaît bien le pays et avec sa grande efficacité, il en trouve sur internet avec possibilité de livraison à la Marina... mais seront-ils arrivés à temps pour partir le 8 visiter les sites archéologiques de Tikal et Yaxha ?
Un guide de rando inconnu se met en quatre pour moi
Nous faisons part à José de nos doutes sur la date de réception des bâtons de la solution Gwendal et il contacte aussitôt un de ses copains d'Antigua, guide de randonnée sur les volcans ; ce dernier se rendra à la première heure le lendemain dans les boutiques susceptibles d'en vendre.
Mais le sort s'acharne, ils n'en ont plus ! Et lui qui ne nous connait pas, actionne son propre réseau... Il en trouve une paire d'occasion mais ils sont trop grands pour moi ! Il finit par en dénicher assez loin, près de la frontière avec le Salvador... il va prendre sa voiture pour aller les chercher et nous les amener à l'hôtel.
Nous repartons sur Antigua où il nous rejoint vers 21h30 avec de super bâtons bleus clairs tout légers et surtout à la bonne taille. Bien sûr nous l'avons dédommagé mais quand même il a passé une partie de la journée pour dénicher la perle rare, parcouru je ne sais combien de kilomètres pour les récupérer et avancer l'argent sans nous connaître !
Ce que je constate depuis le départ c'est que l'entraide est souvent inversement proportionnelle avec le niveau de vie moyen des pays... A méditer je crois !
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