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Guatemala #2 : Plongée en civilisation maya

Continuons notre voyage en terre guatémaltèque et immergeons-nous dans la civilisation maya. Car le Guatemala est sans conteste une terre maya, déjà par la présence de sites archéologiques majeurs de cette civilisation mais aussi par son peuple qui s'est finalement peu mélangé aux étrangers qui l'ont colonisé. Très souvent, il ne faut que peu d'imagination lorsque vous croisez un guatémaltèque, pour l'imaginer vivant au temps glorieux de la civilisation maya !


La place centrale du site de Tikal

Nous avons passé plusieurs jours dans le nord du pays, dans la région du Péten où nous avons visité deux sites archéologiques : le plus connu Tikal et un site plus "immersif" Yaxha (prononcé yatcha). Nous avons chaque fois, que ce soit lors de notre escapade avec notre fils Jeremy et sa petite famille ou lors de notre séjour avec notre amie Cathy, séjourné à Mon Ami à El Remate, un hôtel simple tenu par un français qui est très engagé auprès des communautés mayas pour la sauvegarde de leur territoire.


La civilisation maya en bref pour quelques repères

De Khéops à François 1er

Bon cela vous semble loin, Cléopâtre et Jules César... Beaucoup, beaucoup plus loin que la bataille de Marignan et je suis certaine que ceux de ma génération connaissent la fameuse date de 1515... et bien les premiers rois mayas auraient pu serrer la main de Khéops et les derniers celle de François 1er !!!!

Les mayas : environ de 2600 Avant JC à 1540 de notre ère

Sédentarisation et premières constructions: la période préclassique

On ne sait que peu de chose sur la naissance de la civilisation maya si ce n'est qu'au temps de la préhistoire, elle a connu une sédentarisation et un développement de l'agriculture en particulier de la culture du maïs. C'est aussi semble-t-il la période de l'émergence des premières constructions cérémonielles et de l'écriture.


L'apogée : la période classique et ses cités-état

De 250 à 900, la civilisation maya, forte à ce moment là de plusieurs millions de personnes, a connu son apogée pendant sa période dite classique, époque de la magnificence des grandes cités-états comme Tikal. Car, si pendant longtemps on parlait de l'empire maya, le déchiffrement de textes retrouvés dans des temples, montre qu'il n'y avait pas de système centralisé, mais que chaque ville était indépendante avec à sa tête un souverain, à la fois chef politique et chef religieux. Le roi se positionnait en tant qu'intermédiaire entre la population et les dieux. Il avait donc des pouvoirs immenses mais gare à lui si les conditions climatiques ne permettaient pas des récoltes abondantes car cela signifiait pour ses sujets qu'il avait mal fait son boulot auprès des dieux !


Ces cités-états entretenaient des relations commerciales "internationales" avec d'autres peuples mésoaméricains (commerce de café, sel, jade, obsidienne...) mais malgré tout, les relations entre les différentes cités-états oscillaient entre des périodes de collaboration et des périodes de conflits guerriers.

Illustrations 3D conçues pour le National Geographic

Toutes les villes sont structurées selon le même schéma :

  • au centre temples, monastères, observatoires astronomiques et palais sont organisés autour de vastes places

  • à la périphérie, les habitations individuelles sont éparpillées dans des faubourgs.




Des hypothèses sur les raisons du déclin

Sur le déclin de la civilisation maya, nous avons entendu plusieurs hypothèses :

  • un affaiblissement suite aux trop nombreuses guerres intercités,

  • des problèmes de santé dus à des soucis avec le réseau d'eau, la trop grande utilisation du mercure ou une consanguinité importante dans la classe des nobles,

  • un dérèglement climatique amplifié par une déforestation excessive (tiens déjà !!!)

  • un épuisement des sols par la culture,

  • l'arrivée des espagnols...

Ce qui est certain, c'est que ces grandes cités ont été littéralement abandonnées et désertées.




Les classes sociales au temps de la période classique



On retrouve au cours de la période classique différentes classes sociales :

  • le roi-gouverneur et la famille royale de type monarchie héréditaire


  • une classe nombreuse de prêtres avec de larges domaines d'intervention : écriture, gestion des almanachs, médecine, organisation des cérémonies...


  • une forme de noblesse chargée de la perception des redevances et de la bonne exécution des ordres royaux par le peuple. Les nobles s'occupaient avec les prêtres de la "nourriture" des divinités soit par l'auto-sacrifice, soit par la fourniture de victimes animales ou humaines, dans ce dernier cas des prisonniers de guerre mais aussi leurs propres enfants !


  • le peuple dont le rôle était de pourvoir aux besoins des classes non productives : alimentation, habillement, main d’œuvre pour les travaux publics. Pour cela, ils ne disposaient que d'outils en pierre ou en bois ; ils ne connaissaient ni le métal, ni la traction animale, ni la roue.


  • les esclaves (délinquants de droit commun, prisonniers de guerre).


Le site de Yaxha, une forte émotion

C'est le premier site maya (un site peu fréquenté car moins connu), que nous avons visité avec Jeremy, Virginia, Krystal et Lyam. Nous ne l'avons atteint qu'après plus de 10 kilomètres de piste... comme une préparation psychologique à ce que nous attendait !




Nous avons eu l'immense privilège d'être accompagné par Miguel Sam Colop, un guatémaltèque qui a travaillé avec les archéologues. Miguel parle espagnol, français et bien sûr sa langue le maya quiché. Il est intarissable tant sur la vie de ses ancêtres que sur la connaissance des sites. Passionnant !



Nous sommes partis à pied sur des sentiers sinuant au milieu de la jungle sous l'ovation des cigales et les cris des singes hurleurs ! De quoi nous mettre directement dans l'ambiance car je vous assure que le cri du singe hurleur n'a rien de vraiment rassurant, même si c'est plutôt de l’esbroufe vu sa petite taille !



Nous avons très vite découvert les premières pyramides à degré certaines "défrichées" mais la plupart sont toujours cachées sous la végétation.


Grâce aux mots de Miguel, à sa capacité à nous conter le site, je me suis sentie presque maya moi-même...


Je voyais les bâtiments comme ils étaient autrefois avec leurs couleurs et leurs fresques, j'imaginais un roi maya avec sa couronne de plumes perché sur le plus haut degré d'une pyramide...


Je frémissais en pensant au joueur de pelote qui était sacrifié à l'issue du match ; une super opportunité pour le sacrifié (selon les sources le gagnant ou le perdant) car cela lui garantissait une remontée expresse vers les dieux en parcourant tous les niveaux de l'inframonde (monde souterrain dirigés par les dieux de la mort et de la maladie) et du supramonde (lieu où se trouve tout ce qui est immortel).


Je m'extasiais en comprenant que la configuration des cités est calquée sur l'organisation des constellations.


J'avais la chair de poule en imaginant les automutilations du type je me perce le pénis ou la langue, je fais couler le sang sur un papier que je brule pour que la fumée emporte mon message aux dieux !




Au fur et à mesure, j'ai remis au placard tous mes clichés "romantiques" sur cette civilisation... J'ai sûrement trop regardé les Cités d'or avec Fabien et Jeremy quand ils étaient enfants !


Certes, il s'agit d'une civilisation très érudite et savante avec la maîtrise de l'écriture, l'élaboration de réseaux d'eau potable astucieux, la conception de calendriers d'une extrême justesse par l'observation des cieux, des connaissances en astronomie, médecine, construction... mais c'est aussi une société hiérarchisée qui me semble parfois très cruelle, un peuple de guerriers qui n'hésitait pas à réduire les perdants en esclavage...




Tikal : un site majeur et gigantesque

Le lendemain, direction Tikal toujours avec Miguel. Jeremy en grand fan de Star Wars rêvait d'y aller et de grimper en haut du temple IV d'où a été tournée une scène d'un des films de la saga !


Mais Tikal, c'est avant tout l'un des sites archéologiques majeurs de la civilisation maya qui a hébergé à son apogée plus de 90 milles personnes.


Les quelques 3000 structures (palais, temples, pyramides...) se repartissent sur un parc de 570 km2 de forêts protégées où vivent plus de 300 espèces d'oiseaux, 2000 plantes et 200 espèces d’arbres dont le fameux ceiba, l’arbre national du Guatemala. Selon la croyance Maya, cet arbre sacré permettait l’élévation de l'esprit des morts.



Pour vous faire une idée de ce à quoi pouvait ressembler Tikal, je vous invite à consulter ce site qui propose des images reconstituées en 3D https://trasancos3d.artstation.com/projects/QzBJl4 et pour une visite guidée celui là https://www.virtual-trip.fr/tikal-guatemala/


Avant de nous quitter...

Je vous partage un poème écrit à Yaxha en face du jeu de pelote... J'étais seule, assise sur un banc et je me reposais un peu en attendant le reste de la troupe... J'étais entourée d'une multitude d'insectes qui ont, je vous l'assure, fait bombance ce jour là ! Je n'entendais que les bruits de la nature...

 

YAXHA


Des pierres... pyramides de pierres

Que des hommes ont taillées

Sculptées de leurs lames d'obsidienne


Des pierres... des pierres millénaires

Que des hommes ont poussées

Hissées à mains nues vers le ciel


Des pierres... sous un linceul de terre

Que le temps a tissé

Refuge d'une mémoire ancienne


Des pierres... cachées sous le couvert

Que la vie a semé

La jungle sur le secret des stèles


La chaleur, la moiteur

Regarde, respire, entend

Tous tes sens à l'affût

Imagine le quetzal


Au loin les singes hurleurs,

Bourdonnements, vrombissements

Chants d'oiseaux inconnus

Les olas des cigales


Un bruissement de vie


Celui qu'au temps jadis

Entendaient les mayas

Que j'entends aujourd'hui

En plein cœur de Yaxha


Tamèr - 9 août 2022

 

Dans le prochain article, nous clôturerons notre voyage au Guatemala avec Antigua et le lac Atitlan.


Crédit photo : Cathy Bellony, Jeremy Blanchard et Violaine Parcot
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