Lors de notre voyage dans la Sierra Nevada de Santa Marta, non seulement nous nous sommes rendus dans un village Kogi (voir article) mais nous avons aussi, toujours avec nos amis Alain et Brigitte, arpenté le territoire entre mer et montagnes.
Notre périple nous a conduit à Nueva Venecia, un village sur pilotis avec un terrain de foot flottant puis dans les montagnes aux alentours de Minca avec un lever du jour mémorable en compagnie d’un ornithologue. Les meilleurs marcheurs sont allés au Parc Tayrona, les plus courageux ont aidé des pêcheurs à la senne et les plus hispanophones n’ont pas arrêté de poser des questions que ce soit au cours des différentes visites, au marché, au restaurant ou encore au Musée de Simon Bolivar…
Nueva Venecia : Le village qui reforeste la mangrove
Au pied de la Sierra Nevada, à peine séparées de la mer par une bande de sable, se trouvent des zones marécageuses où la mangrove baigne ses racines dans une eau saumâtre mêlant l'eau douce du Rio Magdalena à l'eau de la mer des Caraïbes. Plusieurs villages y ont été créés par les pêcheurs, parmi lesquels Nueva Venecia (Nouvelle Venise), un village flottant très coloré. En effet, autrefois, les pêcheurs quittaient leurs montagnes plusieurs semaines d'affilée et leurs épouses, selon les dires, ont décidé de venir vivre sur la lagune avec eux un peu pour profiter de la présence de leur époux mais a priori surtout pour veiller au grain.
Si vous voulez roucouler dans une gondole au son des Sole Mio, préférez l’Italie à Nueva Venecia, mais si vous voulez aller à la rencontre d’une population accueillante qui se bouge pour préserver son environnement entre autres en créant une association pour organiser un tourisme respectueux du lieu, vous êtes au bon endroit ! Bien entendu nous avons fait appel à cette association, Assoguitur.
Une volonté de concilier tourisme et préservation de l'écosystème
Un village de pêcheurs menacé par l'augmentation de la salinité de l'eau...
En route pour Nueva Venecia - Carnet de Voyage réalisé par Alain Colin® 2023
Nueva Venecia a été créé dans la zone marécageuse de Cienaga Grande, une zone qui abrite de nombreuses espèces animales en particulier de poissons et d'oiseaux.
Mais cet écosystème, fragilisé par les constructions et infrastructures implantées sur la côte et par les changements climatiques, est en danger : l'eau y est de plus en plus salée, la surface de la mangrove diminue et les poissons se raréfient !
... mais qui cherche d'autres sources de revenus avec un tourisme maîtrisé
Conscients qu'il leur faut diminuer les volumes de pêche pour protéger la ressource, les habitants se sont mobilisés pour trouver d'autres revenus. Il se sont ouverts à l'accueil de touristes mais en gardant toujours l'objectif de préserver le lieu en proposant des activités écoresponsables. Le droit d'entrée perçu par la structure permet d'aider les familles, de rénover les maisons qui en ont besoin et de soutenir des projets de restauration/conservation du site.
Fresques réalisées par des artistes afin de soutenir le projet d'éco-développement touristique Carnet de Voyage réalisé par Alain Colin® 2023
Une population qui veut reforester la mangrove
Les habitants ont aussi mis en place un conservatoire des palétuviers. Leur objectif est de reforester la mangrove surtout dans les parties les plus asséchées de la lagune, là où elle régresse le plus.
Les différentes espèces de palétuviers (noirs, rouges et blancs) sont mises en culture à partir de graines récoltées sur place. Les jeunes pousses sont ensuite plantées de manière identique à ce que fait la nature : les palétuviers noirs, les plus costauds, vers l'extérieur car ils protègent les autres espèces plus fragiles.
La vie au quotidien n'y est pas si facile
Déplacement en barque uniquement
Toutes les maisons sont sur pilotis et le seul moyen de déplacement est la lancha (barque). Si vous voulez vous y installer, il vous faudra demander l'autorisation de la communauté, adhérer à la charte du village, amener les matériaux et choisir l'emplacement de manière à ce qu'il ne gène pas la circulation. C'est tout ! Vous n'aurez pas à acheter de terrain ou plutôt de parcelle d'eau !
Un village presque comme les autres
Le village a son école, son poste de police, un centre pour les jeunes et un bar avec, comme partout en Colombie, son incontournable billard. Il y a même un terrain de football flottant offert par le joueur international Falcao. Toutefois, concernant l'éducation, les jeunes qui souhaitent poursuivre leurs études doivent partir étudier à la ville.
Un habitat simple voir spartiate
Nous avons déjeuné avec une famille, un repas simple et délicieux et surtout un accueil chaleureux.
Un accès à la santé limité
Le village a un centre médical tenu, seulement quelques jours par semaine, par une infirmière parfois accompagnée d'un médecin. De ce fait, la population du village est plutôt jeune car les plus anciens partent sur la terre ferme pour plus de confort et un accès plus facile aux services médicaux.
Une gestion de l'eau douce qui s'améliore
Le village a installé un système de récupération et filtration d'eau de pluie qui vise à limiter le transport par barque de l'eau potable tout en respectant l'environnement. Par contre, à ma connaissance, il n'y a pas encore de gestion des eaux usées.
Sur les hauteurs, le paradis des oiseaux
Une fois revenu sur la terre ferme, notre périple nous a conduit plus haut sur la montagne, au dessus de Minca, un petit village, à mon avis, un peu trop à la mode.
Toujours plus haut !!! Oui mais ça se mérite !
Au-delà de Minca, rejoindre un lieu d’hébergement en altitude se mérite !
Pour parcourir 5 km, comptez deux bonnes heures en 4*4 et soyez prêt pour une séance "je m'accroche à la poignée, je blinde mes abdos, je serre les fesses ! Et pour les plus fervents, je prie "...
Mais aucun regret car la récompense était chaque fois au rendez-vous !
Première nuit à l'hôtel familial Mirador Aires de la Sierra
Toujours plus d'oiseaux... ça se mérite aussi
L'affaire commence mal
Nouvelle nuit en montagne, cette fois dans un lieu référencé comme une réserve ornithologique, l'Eldorado Nature Réserve.
La Sierra Nevada, c'est le paradis des oiseaux avec 675 espèces d'oiseaux observées dont 22 endémiques. D'ailleurs, La Colombie est le premier pays du monde pour l’observation ornithologique avec plus de 20% du total des espèces d’oiseaux au monde réparties sur tout le pays entre jungle, montagne et plaine.
Comme c'est assez onéreux, nous n'avons réservé qu'une seule chambre pour tous les 4 et bien sûr la moins chère ! A l'arrivée, première déconvenue, la chambre est correcte mais prévue pour 3 et uniquement accessible par une belle flopée d'escaliers... Deuxième anicroche, le restaurant est l'autre bout du site et nous devons parcourir plus d'un kilomètre à pied par des chemins difficiles et de nuit pour nous y rendre pour diner.
Impossible pour Christine, nous devons râler pour que l'on nous y emmène en véhicule motorisé. Mais quand le dit véhicule arrive, c'est un tuk-tuk moto bâché ! Il nous embarque sur des chemins de pierres à peine carrossables en longeant le précipice parfois à moins de 20 centimètres !!!
Avouons-le, les 4 téméraires passagers n'en mènent pas large... Et encore moins, quand le triporteur cale en pleine côte au beau milieu d'un virage en épingle à cheveux ! Le summum est atteint quand il ne parvient ni à redémarrer ni à engager une vitesse. Il a fallu attendre que le chauffeur aille chercher de l'aide pour nous remettre l'engin en route et nous emmener à bon port !
Pour clôturer le tout, nous découvrons à 20h que, contrairement à ce que lassaient supposer le site et les échanges de mail, la sortie "Lever de soleil avec un ornithologue" n'est pas incluse dans le tarif et que rien n'a été programmé pour nous ! Nouveau "râlage" (heureusement que Brigitte et moi parlons espagnol !) et on nous trouve un ornithologue qui viendra nous chercher à 4 heures le lendemain matin... La nuit va être courte.
Pas grave, car ce fut juste magique !
Le lendemain matin, quand le guide, Fidel vient nous chercher, il fait encore nuit noire et la montagne bruisse d'un tas de cris et autres glapissements inconnus.
Nous voilà repartis ! Ça grimpe, ça cahote.
Ça penche à droite, à gauche.
Ça secoue, ça secoue et ça secoue !
Nous voilà enfin arrivés à destination, tout le monde descend...
... ou plutôt tout le monde monte en haut d'un mirador !
Que le spectacle commence !
En route pour l'aventure...
Reportage photos et dessins sur le reste de ce voyage
Entre Santa Marta, le Parc Tayrona, Taganga, le Musée Simon Bolivar et celui de l'or ainsi que des scènes de vies capturées au fil du voyage...
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