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Chronique de Bernadette n° 2 : Le Cap Vert



Suite des chroniques de Bernadette, la sœur de Dominique qui a passé 2 mois sur Shazzan.


Cette fois, elle nous emmène au Cap Vert, le pays de la grande Cesaria Evora, la "Diva aux pieds nus"...


Partons avec elle sur les îles de Sal, Sao Nicolau et de Sao Vincente !



Préambule de Christine

Comme vous le savez, j’ai eu une mega rage de dent en Gambie pour laquelle une dentiste cubaine m’a prescrit des antibiotiques... Eh bien, à peine 2 jours après la fin du traitement, douleurs et fièvre sont reparties de plus belle dans ma prémolaire, heureusement à l’arrivée au Cap Vert. Et me voilà reparti chez un nouveau dentiste recommandé par mon assurance, cette fois dans une clinique située à Santa Maria, la zone touristique au sud de l’île de Sal. Dans cette clinique hyper clean, le médecin d’urgence (nous étions dimanche) m’a remise sous antibio et demandé de revenir le lendemain pour voir le dentiste... Le dentiste, brésilien cette fois, a confirmé qu’il fallait arracher la dent... ce qui fut fait une semaine plus tard dans des conditions d’hygiène exceptionnelles et sans aucune douleur... pour 100 €. Chapka s’est avéré une excellente assurance pour la qualité des praticiens recommandés et pour la rapidité du remboursement des frais.

Mais laissons la parole à Bernadette !


18/01/22 Grande lessive à bord

Aujourd'hui grande lessive... C'est du taf.


Lavage eau de mer, rinçage eau de mer, rinçage eau douce, essorage, étendage...


Pendant ce temps-là, derrière nous, deux marins du Oosterschelde, un trois-mâts néerlandais, replient les voiles. Il y a du vent et les bateaux tanguent. Impressionnant !


La goélette OOSTERSCHELDE, est le dernier trois-mâts authentique des Pays-Bas. Construite en 1917 pour le transport de fret au long cours, elle a été restaurée de fond en comble en 1992.


Son port d'attache est Rotterdam mais elle croise sur tous les océans et les mers du monde. Le bateau est reconnu par le gouvernement néerlandais comme un monument de grande valeur historique et culturelle.


Son indépendance financière est assurée par l’organisation de croisières, d’événements et des sorties à la journée.


20/01/2020 Percebes et cracas

Cette semaine nous avons vu des affichettes invitant à un repas concert. Nous y sommes allés. Musique dans l'esprit de Césaria Evora. Des musiciens au top, instruments et voix. Ambiance géniale.

Beaucoup de locaux et quelques français. Il faut dire que 80% des plaisanciers de Palmeira sont des Français. Il y'a même des Bretons c'est dire ! Nous étions 7 à table : nous trois et l'équipage de Zig Zag (Marie, Kevin, Zélie et Calypso).




Devinette :

à quoi servent ces sachets remplis d'eau et suspendues au plafond ? (Réponse à la fin de l’article)






Niveau repas, grande première : nous avons commandé des percebes (pouces-pieds) et des cracas (berniques) énormes.


Comme c'était la première fois, nous ne savions pas comment les manger. Alors on nous a montré. Eh bien il faut beaucoup de temps pour les décortiquer. Des mets impossibles à manger chauds.


Il y avait un petit joueur à table (Dominique pour ne pas le citer) qui a préféré miser sur une valeur sûre : poulet-frites ! Pfff !



Soirée très agréable. Lorsque les couples se sont mis à danser c'était aussi un spectacle. Des danseurs formidables d'instinct, d'harmonie et de sensualité.


22/01/22 Balade sur l’île de Sal


Une journée bien remplie

Journée bien remplie hier. Nous avons loué une voiture et sommes partis à la découverte de l'île de Sal.


L'île est aride plutôt plate avec des volcans. De la pierre, de la pierre, de la pierre, du sable peu de végétation. Au sud la ville de Santa Maria. Très touristique avec de grands ensembles immobiliers, des hôtels 5 étoiles, un casino et même un golf (arrosé à l'eau désalinisée puisqu'il n'y a pas de ressource en eau naturelle sur l'île).


Nous avons barbotté avec des petits requins-citrons à Shark Bay, nous sommes baignés sur la belle plage de Santa Maria, mais le plus étrange fut la visite de Perdra de Lume. Un ancien volcan dont le cratère abrite une saline exploitée par les Salins du midi jusqu'à l'indépendance du Cap Vert. L'eau ne vient pas de la mer mais du volcan. On peut s'y baigner et on flotte très bien. Étonnamment le fond de la Saline est chaud.




Avitaillement et gaz

Puis nous avons fait une partie de l'avitaillement pour la traversée (10 kg de farine, 14 litres de lait, riz, confiture, chocolat, sucre, ...). Les proportions sont étonnantes mais il faut bien prévoir.


Nous avons également fait remplir notre bouteille de 13kg de gaz. A bord de Shazzan il y a trois bouteilles de gaz. Une de 13kg et deux petits cubes de 6kg. Comme on ne trouve pas de connexion pour les petites bouteilles ailleurs qu'en France, l'idée est de faire remplir la 13kg puis, à bord du bateau, de remplir les petites avec la grosse. C'est très mécanique comme procédé, principe des vases communiquant : on suspend la grosse bouteille sur le mat, on branche le tuyau sur une petite posée sur le pont, on ouvre les robinets et ça coule... Ça prend du temps mais ça marche bien. Pour le remplissage nous sommes allés sur un site qui gère les énergies (eau, gasoil, essence, gaz...).


Note de Christine sur le gaz: Rassurez-vous, ce procédé est adopté par de nombreux marins et randonneurs. Nous faisons la manipulation en plein air, nous surveillons le remplissage en pesant régulièrement la petite bouteille pour éviter toute surpression. Nous prenons garde à bien laisser la bulle d’air nécessaire à la décompression du gaz lors de l’utilisation de la bouteille.


Ce matin Christine et Dominique sont partis à Santa Maria pour l'extraction de la dent de Christine. J'espère que ça pourra se faire et que ça marchera.

En attendant je cuis le pain que Dominique a préparé hier.


24/01/2022 Premières langoustes

Aujourd'hui, grande journée : 2eme douche, la précédente était en Gambie.

Comme il y a beaucoup de vent, nous étions déjà trempés juste en venant avec l'annexe jusqu'à terre. Pas grave.

Plaisir d'une douche, enfin. Froide mais savourée.


C'est surtout les cheveux qui sont contents. Depuis plus d'une semaine ils étaient figés au réveil dans une forme indéfinissable et chaque fois plus surprenante. Aujourd'hui le vent les fait de nouveau bouger. Génial !


Je me sens légère... Un euro la douche.


Puis restau et, encore une grande première : langouste entière, grillée au feu de bois. Je n'en avais jamais mangé et j'ai trouvé ça délicieux.


Retour au bateau, le vent a un peu molli. Heureusement car nous aurions à nouveau été trempés alors que nous sommes tout propres.

Christine semble aller de mieux en mieux. Nous avons hâte de partir pour la traversée mais il nous faut encore attendre quelques jours.


27/02/2022 Tarrafal la bien nommée

Nous avons quitté Palmeira mardi (25 janvier). L'idée était d'aller à Mindelo en deux temps. Une pause sur l'île de Sao Nicolau pour nettoyer la coque. La nuit de traversée s'est bien passée. Nous allions vite, presque 7 nœuds de moyenne. Sur le matin, vers 7 heures, en arrivant au sud de Sao Nicolau, le vent à forci jusqu'à plus de 50 nœuds. Nous avons mis le moteur et baissé les voiles pour ancrer. C'était sportif !


La journée s'est passé plutôt calmement. Avec du vent encore mais moins qu'au matin.

Cette nuit, vers 2 heures du matin la poignée de la cabine m'est restée dans la main. Enfermée dans la cabine, je n'ai pas réussi à réveiller ni Dominique ni Christine. Comme je suis un peu claustrophobe, ça m'a stressée mais j'ai finalement réussi à rouvrir la porte que j'ai laissé bloquée en position ouverte.


Dans le même temps le vent à continuer de monter. A partir de 3 heures il atteignait encore les 50 nœuds.


Dominique s'est levé pour prendre un quart et surveiller la situation jusqu'à 6 heures, heure à laquelle Christine a pris la suite. A partir de 3 heures j'ai installé mon lit dans le carré et j'ai pu redormir par intermittence.


Le vent soufflait fort, j'ai vu des rafales jusqu'à 58 nœuds. Mais l'ancre a tenu bon, le bateau se déplace autour de son ancrage.


Christine a donc pris le relais de 6 à 9 heures, je suis restée dormir dans le carré. A partir de neuf heures, les deux capitaines sont partis se coucher. Depuis, je suis seule éveillée à bord, c'est la première fois. Je surveille le vent, le déplacement du bateau sur son ancre et les réveillerai si besoin.


Chaque quart d'heure, à la suite de Dominique et Christine, je note la moyenne du vent sur 1 et 2 heures pour voir s'il mollit ou forcit. Je les réveillerai si les rafales à plus de 45 nœuds sont trop nombreuses.


En quelques secondes le vent peut passer de 20 à 45 avant de retomber.


Par instants fugitifs, le silence se fait presque total.


La trace du bateau sur son ancrage ressemble à un sourire.



Je regarde les moyennes sur la dernière heure inscrites par Dominique et Christine depuis 3 heures ce matin. La plus forte moyenne de vent sur une heure est de 40,1 nœuds à 3h10, la plus faible 26,3 à 7h45. Quant à moi, mon dernier relevé indique 30,5 il est 10h45

Midi quinze, la moyenne est remontée à 31,9. Nous devons attendre une accalmie pour quitter cet endroit que je ne suis pas près d'oublier.


28/01/2022 En route pour Mindelo

Avec soulagement nous avons quitté l'île Sao Nicolau et ses vents entêtants. Vraisemblablement il s'agissait de vents catabatiques, mot nouveau de mon vocabulaire, il désigne des vents descendants des reliefs (nous étions aux pieds de collines importantes tombant droit dans la mer).

L'accalmie (relative) est arrivée vers 17 heures, on était quand même à une moyenne de 32 nœuds de vent (60 km/h). Et tout s'est très bien passé, l'ancre est remontée comme une fleur, couverte de sable noir. Elle a été tellement sollicitée pendant cet arrêt que nous pensions qu'il serait difficile de la ramener à bord, peut être coincée entre des rochers sur le fond, eh bien non, le fond était sablonneux, elle s'y est enfoncée sans plus bouger d'un poil même au plus fort des vents.


Ce matin, nous sommes arrivés avec le jour à Mindelo, la ville de Césaria Evora.

S'impose cette phrase de Paolo Coelho "Le bateau est plus en sécurité quand il est au port mais ce n'est pas pour cela qu'ont été construits les bateaux". Pour l'instant nous savourons cette sécurité. Et demain ou après-demain...


(*) Note de Christine sur les fichiers météo :

Les fichiers météo, aussi appelés fichiers grib contiennent des données météo numériques (vent, pression, état de la mer, courants) dont le format de compactage a été défini par l’Organisation Mondiale de la Météorologie. Cette compression réduit le volume des fichiers et les rend téléchargeables par téléphones mobiles ou satellites.


Ces fichiers sont préparés par les grandes organisations météo comme Météo France en France, Met Office au Royaume Uni, le NOAA aux USA.


Visualisation d'un fichier météo sur la carte

La précision géographique (appelé maille) est plus ou moins fine, l'écart entre chaque flèche de vent sur la carte pouvant aller de 100 km à 1 km (le téléchargement des fichiers maille fine étant généralement payant). Si un fichier grande maille est tout à fait correct pour une traversée, une maille plus fine est indispensable le long des côtes pour tenir compte des effets liés au relief local (une accélération du vent sur un cap par exemple).


Carte de frontologie

Les données des fichiers météo sont à apprécier en examinant aussi les cartes de frontologie qui renseignent sur les grands phénomènes météo en cours (vous savez les cartes que l’on vous expose au 20 h en parlant de front froid, anticyclone, dépression).


Il faut aussi tenir compte du fait que les rafales peuvent être nettement supérieures au vent moyen, jusqu’à 40 à 50 % !




Les données des fichiers météo sont à


D’après notre expérience, ils sont généralement optimistes et c’est vrai même parfois très (voire trop !) optimistes.


28/01/2022 Navigations de nuit

A l'embouchure du fleuve Gambie, j'avais remarqué la nuit une bizarrerie. Lorsque j'actionnais la pompe d'évacuation des toilettes sans allumer, de petits faisceaux lumineux circulaient brièvement dans les tuyaux transparents. J'ai d'abord cru à une illusion d'optique mais ça s'est répété presque à chaque fois.

Puis nous avons navigué de nuit et dans les gerbes d'eau, sur les flancs du bateau, de petites étoiles scintillent. A peine aperçues déjà disparues, c'est étrange et j'aime beaucoup les voir. C'est le plancton phosphorescent qui émet une lumière lorsque l'eau est agitée.

Autre charme des navigations de nuit, la lune. La lumière de la lune sur la mer. Étonnamment dans cette région, elle n'est pas orientée comme en France. Elle est horizontale, en ce moment c'est un sourire. Lever et coucher de lune sont parfois aussi beaux que ceux du soleil.

Mais aussi les étoiles. Marie, du bateau Zig Zag, nous a appris à repérer la ceinture d'Orion. Elle dessine une flèche dont la pointe indique le nord. C'est frustrant de ne pas connaître plus les étoiles.

Parfois un poisson volant atterrit sur le bateau. C'est toute une histoire de l'attraper pour le remettre à l'eau... Que du muscle ! C'est nerveux et glissant ces petites bêtes là.

Et puis il y a les quarts mouvementés comme la nuit dernière. Le bateau est penché, il tape l'eau. Parfois quelques paquets de mer essayent de vous avoir et y arrivent. Cette nuit, lors du quart avec Christine j'ai préparé deux bols de céréales avec du lait et... Le bateau penché a tapé et j'ai vu, sans pouvoir rien faire, les deux bols glisser, s'envoler avant de se répandre partout. Le lait, les flocons, sur les plans de travail, dans les fonds, les tiroirs, parterre... Impossible de nettoyer debout, ça glissait, ça collait. A quatre pattes, j'ai ramassé ce que j'ai pu et l'alarme a sonné pour monter faire le tour de veille (elle sonne tous les quarts d'heure), zou monter, regarder, descendre, refaire les bols en faisant plus attention... Un réveil en fanfare !

Les quarts de nuit ne sont pas tous poétiques.... Et il ne faut pas défier les lois de la gravité ou alors il faut choisir son moment.





Réponse à la devinette de Palmeira :

Les sachets d'eau suspendus : Je vous jure que c'est l'explication qu'on nous a donnée et que c'était dit avec beaucoup de sérieux. Alors voilà : les sachets sont destinés à faire fuir les mouches !?! Comment ça marche : les mouches arrivent vers le sachet, elles se voient dedans et paraissent beaucoup plus grosses, ça leur fait peur et elles s'enfuient. Si si, je vous assure. Le fait est que, dans ce pays où les mouches sont nombreuses, il n'y en avait pas dans ce restaurant. Pourtant c'était une grande salle avec de grandes ouvertures sur l'extérieur.



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