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Bienvenidos chez Ana & Palacio


Nous avons vécu avec Ana, Palacio, Hany et Dianko une rencontre forte et inoubliable et ce malgré nos différences de mode de vie et la barrière de la langue (j’étais la seule à parler les deux langues enfin quand je dis parler… ). En quelques jours, nous avons vraiment noué une de ces amitiés faite pour résister à l’éloignement.



J’avais envie de vous les faire rencontrer pour que vous découvriez leur vie mais aussi leur formidable énergie et leur volonté de s’en sortir coûte que coûte.



J'avais aussi envie de vous raconter notre incroyable soirée au Buena Vista Social Club !!!!


La rencontre

Nous sommes arrivés à Cuba le 23 mai et le 25, nous étions invités par Juana (la maman de la dentiste cubaine qui avait soigné mes dents en Gambie) pour déjeuner chez elle. Nous avons pris le taxi recommandé par le port en lui donnant l’adresse de Juana à Cerro dans la banlieue de La Havane. Comme nous ne savions pas exactement où cela se situait, nous ne pouvions guère négocier le tarif et il nous en a coûté 25€. Quand nous avons donné le tarif à Juana, elle a fait des bonds car pour eux un trajet vers la Havane Centre coûte 3.5€ donc même si la marina est un peu plus loin et que nous sommes étrangers, 25€ était beaucoup trop cher.

Palacio et sa Lada

Elle a donc appelé un de ses voisins, Palacio, qui nous a ramené dans sa Lada pour 10 €. En passant devant chez lui, il s’est arrêté et sa petite famille est sortie nous faire un coucou.



Certes sa voiture n’était pas de première jeunesse, mais il était très sérieux au volant et s’est avéré très sympathique lors de nos premiers échanges.



Il est devenu notre unique taxi pendant tout notre séjour à Cuba.





Premiers échanges avec Ana


Mon amie Ana

Nous avons demandé à Palacio s’il avait un compte WhatsApp, il n'en avait pas mais son épouse Ana, oui.




Dès nos premiers échanges, Ana a commencé à papoter avec moi, me demandant d’où nous venions, indiquant qu’elle avait de la famille en Europe (Roumanie).




Le courant est passé et très vite, elle nous a invité à venir chez eux, ce qui fut fait le 30 mai.




Moment de partage dans leur petite maison

Dianko et Hany

Le 30 mai, il était donc prévu que nous passions chez Ana et Palacio après avoir visité le musée Hemingway.



Nous sommes arrivés vers 14h je crois, et nous avons rencontré toute la famille, Ana mais aussi les enfants, Hany une jeune fille de 15 ans et Dianko un garçon de 11 ans.



Nous avons été chaleureusement accueillis par toute la famille et Ana nous a proposé des rafraichissements… Tiens ce goût nous dit quelque chose ! Mais oui bien sûr le Tang de notre jeunesse !



Une petite maison qui leur vient de la maman de Ana

Ils habitent comme Juana à Cerro, un quartier populaire de la banlieue de La Havane. La maison appartient à Ana qui la tient de sa mère (je ne sais pas exactement comment cela fonctionne mais j’ai cru comprendre que la propriété privée abolie en 1959 a été autorisée en 2011 et inscrite dans la constitution en 2018 et qu’entretemps les propriétaires d’avant 1958 pouvaient transmettre leur maison à leurs enfants).

Ils occupent la partie rez-de-chaussée de la maison qui donne directement sur la rue.


La maison est petite, modeste et confortable avec une pièce principale (équipée d'un canapé, de deux fauteuils et d'une télévision) et deux petites chambres en enfilade. Sur le côté, l’espace cuisine et une salle de bain, à l’arrière une cour.


Dans le salon, un grand portrait de Hany en robe de princesse… C'est l’une des photos de l’album réalisé pour ses 15 ans…


Nous nous étonnons, alors Hany et Dianko nous expliquent, en nous montrant l'album des 15 ans de leur mère, que c’est une tradition à Cuba et en Amérique du Sud de fêter dignement les Quinceañeras d'une jeune fille.



En savoir plus sur Quinceañeras :


Un repas dont nous sommes honorés et la découverte du goût des pêches

Ana prépare le repas ; pendant ce temps, Dianko nous montre quelques photos de la famille et il semble ravi d’échanger avec nous. Puis, Palacio arrive avec une table qu’il installe dans la pièce principale avec deux chaises… nous sommes invités à nous installer à la table pour le repas.

Impossible de faire assoir Palacio à la table avec nous , ni de partager le poulet !

Nous sommes gênés d’être les seuls à table mais rien à faire, nous avons beau expliquer que nous pouvons manger assis avec eux sur les canapés, rien n’y fait.


Mais nous sommes encore plus gênés quand nous constatons que nous sommes les seuls à manger du poulet. Ce poulet est accompagné d’un délicieux congris (le plat traditionnel cubain de riz aux haricots noirs) et de bananes plantain poêlées. Nous voulons partager mais impossible !



J’avais déjà une idée sur la difficulté d’approvisionnement à Cuba et je savais l’honneur qu’Ana nous faisait en ayant préparé ce repas pour nous… alors j’ai dégusté chaque bouchée de ce plat car ce n’était pas un simple poulet du dimanche !


Pour le dessert, nous avions apporté des boites de salades de fruits et c’était la première fois qu’Ana, et je crois les enfants, mangeaient des pêches.


Un projet dingue d’immigration par tirage au sort

Comme souvent dans les rencontres, nous commençons par nous présenter, parler de qui nous sommes, montrer les photos de nos familles… Quand nous demandons à Ana, quel est son travail, elle nous répond qu’elle était jusqu’à peu employée aux services de l’’immigration à l’aéroport et elle ajoute qu’ils ont un grand projet, un projet qui doit être d’importance car un sourire magnifique illumine son visage et ses yeux brillent !


Et oh, que oui, c’est un projet important !


Il s’agit d’émigrer officiellement aux États-Unis avec toute la famille ! Comment ?


Avec le Diversity Program, la loterie des visas ! La loterie des visas ? Mais c'est quoi ?


Il faut savoir que chaque année, les USA proposent 50 000 visas par tirage au sort aux personnes répondant à différents critères :

  • Venir d’un pays éligible pour l’année en cours car peu représenté sur le sol américain (en 2023, Cuba est éligible mais aussi la France)

  • Posséder un niveau baccalauréat ou, à défaut, avoir occupé durant les 5 dernières années un poste d’une durée de 2 ans ou plus, nécessitant un niveau de formation ou d’expérience d’au moins 2 ans.

Ana s’est inscrite à cette loterie et elle a eu la chance d’être tirée au sort parmi des millions de postulants et c’est donc toute la famille qui pourrait partir en 2023.


Elle a passé toutes les étapes et reçu un mail de l’organisme d’état qui gère ce tirage au sort. Cet organisme est situé dans le Kentucky, ce qui nous vaudra de rebaptiser le projet "Projet Kentucky" pendant toutes nos discussions. Elle nous montre le mail en anglais ainsi que tout le dossier et en particulier ses diplômes de coiffure, esthétique, gestion de boutique (elle avait commencé des études de Droit mais elle a dû abandonner pour aider sa mère et elle est à juste titre très fière d’avoir, malgré tout, continué à se former).



Reste encore des étapes à franchir pour partir. L’étape suivante est un entretien avec les services de l’immigration, une visite médicale et la demande officielle de visa pour chacun d’eux, le tout se déroulant à l’ambassade des USA soit à Cuba soit au Guyana… Ce qui va déjà bien assécher leurs économies, qui probablement ne suffiront pas… Et si le dossier est définitivement accepté à l’issue de cette étape, il leur faudra trouver l’argent pour payer le vol pour les USA. Des amis et des proches, vivant à l’étranger (nous y compris) vont les aider mais rien n’est encore acquis… De plus, Ana a dû quitter son emploi bien rémunéré au service de l’immigration car il est interdit aux employés de ce service de voyager à l’étranger (un assouplissement de cette règle est prévu dans quelques mois donc trop tard pour Ana), en attendant elle travaille deci delà dans la coiffure et la manucure.


Ana, Palacio, Hany, Dianko, aucun ne parle anglais (seuls les enfants ont appris un peu à l’école) mais l’espoir d’une vie meilleure les porte. Comme tout le monde à Cuba, ils ont de la famille aux États-Unis et tous s’en sortent, alors pourquoi pas eux. Et puis, ils seront aidés par le programme des visas à l’arrivée pour faciliter leur intégration.


Ils sont lucides sur les embûches qui peuvent encore se dresser avant le départ et savent bien que tout ne sera pas rose aux États-Unis mais leur foi en Dieu les aide à rester sereins et à aller de l’avant… Ils bossent, ils bossent pour réussir ce pari fou et nous ferons tout notre possible pour les aider !


Papotages divers et variés

Nous n’avons pas vu passer l’après-midi tant nous avons discuté…. De nos vies, de comment nous nous sommes rencontrés, des faits marquants de nos histoires… alors bien sûr, nous avons parlé de mon coma et croyez-moi, avec l’émotion, pas facile de trouver les mots en espagnol. Nous avons parlé de nos familles, de nos enfants, de notre vie de marin et du voyage, de nos impressions sur Cuba, de notre vie en France mais aussi de leur vie à eux, ici, à Cuba.

L’école

Nous apprendrons ainsi que l’école est obligatoire de 4 à 18 ans (ailleurs nous avons lu 15 ans) mais que le matériel manque : crayons, cahiers, livres (4 livres pour une classe de 25 élèves sans possibilité d’en acheter) et même que dans certaines matières, il manque de professeurs.


Il est à noter que l’université aussi est gratuite.


Tous les élèves portent un uniforme.



Sécurité

Nous parlerons aussi de la grande sécurité qui règne à Cuba, même dans les quartiers populaires. Ici pas de caméras, peu de police visible et beaucoup de personnes (enfants inclus) qui se baladent dans les rues même le soir.


Santé

Nous parlerons aussi du système de santé totalement gratuit et accessible mais aussi de la rareté de certains médicaments… Les médecins cubains sont réputés très compétents, ils sont « loués » à d’autres pays et constituent ainsi une source de revenus pour le pays par contre, ils ne sont pas très bien payés. Le pays a créé et produit ses propres vaccins contre le Covid et toute la population a été vaccinée.


Des vies si semblables et si différentes

Ce fut un très bon moment que nous nous sommes promis de renouveler très vite en nous serrant très forts dans les bras quand nous sommes repartis sur Shazzan à la nuit tombée. Nous étions émus, touchés… et frappés avec Dominique de la similitude de nos parcours… Des départs dans la vie pas très faciles, des obstacles à surmonter mais une volonté farouche de s’en sortir envers et contre tout avec l’amour et la solidarité comme ciment de la famille !


Je me suis sentie très proche de Ana, j’ai aimé son énergie, son sourire et sa joie de vivre… elle m’a raconté son histoire, je sais qu’elle en a « bavé » et que sa vie actuelle avec Palacio et les enfants la comble de bonheur. Elle m’a expliqué que quand elle était vraiment dans la difficulté, elle a rencontré Dieu, a senti comme un appel qui lui a redonné l’élan pour aller de l’avant et moi qui ne suis pas ce que l’on peut appeler une croyante, j’ai senti combien sa foi en Dieu l’avait aidé à s’en sortir et la portait vers un avenir meilleur.


Le cadeau de nos amis reçu au Buena Vista Social Club


A 19h00, le lendemain, Palacio et Ana arrivent en voiture pour nous amener au spectacle du Buena Vista Social Club où nous avons réservé la soirée.



Nous convenons avec Palacio qu’il reviendra nous chercher à la fin du spectacle pour nous ramener à la marina et que nous l’appellerons dès que nous serons prêts. Zut, le téléphone avec la puce cubaine est resté au bateau… donc nous ne pourrons pas l’appeler ! Qu’à cela ne tienne, Ana appelle sa nièce Marysol qui est chanteuse au Buena Vista Social Club pour connaître l’heure approximative de la fin du spectacle. Elle raccroche tout sourire (encore plus que d’habitude) en nous disant que nous aurons une surprise dans la soirée !

Dominique au Buena Vista Social Club !

La soirée débute à 20h par un repas : menu à prix fixe avec au choix pour le plat pizza, poulet, porc ou... langouste ! La langouste au prix du poulet ? Nous prendrons "Langouste" !!! Pour le dessert, ce sera quelques morceaux de fruits surmontés d'une lamelle de fromage. Le service est rapide et dès 21h30 le spectacle commence. Et c'est parti pour 2 heures de musique cubaine !



Apparaissent sur scène quatre des figures emblématiques du célèbre groupe qui a partagé sa musique pleine de joie au quatre coins du monde ! Ils ont plus de 80 ans mais ils dégagent une énergie communicative invraisemblable…



Nos corps commencent aussitôt à se balancer sur les sièges et nos pieds ressentent comme une envie de danser, même ceux de Dominique pour qui la danse n’est pas une activité de premier choix ! Toute la salle se retrouve debout en quelques minutes ! La soirée bat son plein, les musiciens sur scène sont à fond, l’animateur/chanteur/danseur nous fait un show endiablé, un couple de danseur se produit avec brio sur plusieurs morceaux et Marysol nous régale de sa voix…



Puis vient le moment, où l’animateur demande qui vient de quel pays : Mexique, Chili, Espagne, Angleterre, Italie… Et pour finir France ! Nous ne sommes que deux français à nous lever quand Marysol entonne « La vie en rose » de Piaf, elle descend dans la salle, se rapproche de nous et nous tend le micro pour chanter avec elle, ce que nous faisons avec un plaisir immense !

La seule photo de ce moment incroyable !

Non, mais vous imaginez, nous chantons au Buena Vista Social Club ! Et Marysol ne s’arrête pas là, elle fait une spéciale dédicace au micro à "ses amis français Christine et Dominique qui sont des gens formidables et sont venus de la France en voilier" et c’est la salle entière qui applaudit !


Non mais la chance que cela arrive ! Car pour que nous vivions ce moment, il a fallu que j’ai une rage de dent en Gambie soignée par une dentiste cubaine qui nous confie des choses pour sa mère Juana qui vit à Cuba, que nous allions chez elle à La Havane, que le taxi du port soit si cher qu’elle appelle son voisin taxi Palacio, que nous sympathisions ensemble, qu'il nous présente sa famille et que la nièce de son épouse soit chanteuse au Buena Vista Social Club !


Oui, nous avons eu le privilège immense de chanter au Buena Vista Social Club ! La classe !!!



Nous avons chaleureusement remercié Ana et Marysol de leur attention. Pendant le trajet qui nous ramenait au bateau, Ana a fait le tour-opérateur pendant la traversée de La Havane et nous en sommes arrivés, ne me demandez pas comment, à chanter nos hymnes nationaux avec entrain !


Des sourires qui en disent long !

Croyez-moi, nous avons eu du mal à trouver le sommeil après toute cette énergie et toutes ses émotions !


Encore une magnifique journée avec en prime coupe de cheveux et manucure !

Pendant les quelques jours suivants, nous n’avons pas pu nous voir car la dépression tropicale Agatha est venue toucher l’Ouest de Cuba entraînant des pluies torrentielles. Nous sommes restés au bateau pour surveiller et de toute façon, il avait tellement plu que le trafic routier était très perturbé dans la Havane (il y a eu des morts sur l’île soit emportés par les flots soit victimes d’effondrements de vieux immeubles).


Nous avons continué à échanger par WhatsApp et le dimanche nous nous sommes retrouvés après que la petite famille soit revenue de l’église. Outre notre gâteau au chocolat (voir le Cuba Quiz Question n°9), nous avions cuit un pain et sorti, pour l'occasion, l’une des dernières bouteilles de vin français qui restait à bord.


Récit de la journée

Au bruit de la voiture, tout le monde est là sur le pas de la porte pour nous accueillir. On s’embrasse à la Marseillaise une bise sur chaque joue et aussi à la Cubaine deux bises au-dessus d’une épaule avec les joues qui se touchent. Nous sommes accueillis comme de vieux amis, les enfants sont très présents et discutent avec nous, nous montrent leurs dessins, leurs cahiers et leurs quelques photos de famille.


La séance de coiffure a lieu dans la salle prévue à cet effet... sous le citronnier dans la cour derrière la maison. Tout comme chez le coiffeur, nous revêtons chacun notre tour un peignoir de coiffeur et Ana se charge de rafraichir nos coupes aux ciseaux et à la tondeuse (tondeuse pour animaux car le matériel spécifique est trop cher, mais tondeuse qui fait néanmoins un travail parfait et se révèle aussi doux qu’une tondeuse pour humains). Après les cheveux, c’est l’heure pour Christine de la manucure et pédicure avec pose de vernis à ongles… et comme chez le coiffeur, les discussions vont bon train !


Dankio pendant ce temps, comme le ferait de la même manière un minot français, se bidonne en regardant des vidéos à l’envers avec l’application Reverse sur le téléphone de sa mère (tu filmes un objet qui tombe de ta main et tu vois l’objet qui repart du sol vers ta main).


En retournant à la cuisine, nous traversons les 2 chambres en enfilade et Ana me montre sa machine à laver le linge qui, faute de place, est dans leur chambre à coucher. N’imaginez pas une machine tout automatique comme en Europe, car s’il s’agit bien d’une machine électrique qui fait tourner le linge, elle n’est raccordée ni à l’eau ni à l’évacuation. Il faut la remplir et la vider soi-même… Comme le dit Ana, c’est déjà plus facile qu’à la main et de toute façon, on ne lave qu'une seule fois par semaine car la lessive est elle aussi une denrée rare… C’est une chose que j’ai vraiment constaté à Cuba, rien n’est vraiment facile mais les gens semblent le prendre, du moins en façade, avec humour !


Il est temps de passer à table, d’ailleurs Dianko, allez savoir pourquoi, semble très impatient d’entamer le repas…. Peut-être l’heure tardive… ou peut-être comme une odeur de chocolat qui flotte dans la maison !

Y-a-t-il vraiment besoin d'une légende à cette photo ?

Comme la première fois, nous mangeons tous les deux à table et eux sur le canapé et les fauteuils. Au menu : cuisse de poulet pour nous et riz pour tout le monde et comme la première fois, il nous sera impossible de partager notre part de viande, le tout agrémenté par le Bordeaux qui, je dois le dire, a tenu toutes ses promesses ! Et c’est si rare dans leur quotidien que la bouteille a été ouverte avec couteau et pince faute de tire-bouchon et que même les enfants ont eu le droit de goûter.


Quant au gâteau au chocolat et comme nous vous l’avons raconté dans le Grand Quiz, il n’existe pas de mots pour exprimer ce moment !



Nous avons passé tout l’après-midi à parler d’eux, de nous, de la vie en France et de celle à Cuba, du projet "Kentucky". Nous leur avons chanté « Mon copain Bismarck » de Nino Ferrer et eux une chanson de leur église. Dominique et Palacio ont aussi jeté un coup d’œil à la Lada dont la direction devient très capricieuse (voir de plus en plus indépendante...).

Il était déjà tard quand nous sommes rentrés au bateau tous les 4 et sur la route nous avons encore beaucoup parlé. Ana échangeait avec Dominique via le traducteur Google faute de parler la langue de l’autre, parfois la technologie a du bon !


Nous étions trop contents qu’elle aussi voit notre Shazzan même si ce n’est que de l’extérieur. Nous avons tenté sans succès de donner des sous pour le coiffeur, les rechargements de nos téléphones en data et le trajet de chez eux au bateau… Impossible ! Mais Dominique a eu la bonne idée d’aller leur préparer un sac de victuailles : 3 litres de lait, 1,5 kg de farine, 1 paquet de café, 250 gr de beurre. Comme nous l’avons déjà mentionné dans le Grand Quiz, Ana nous a avoué qu’en arrivant chez elle, elle n’avait pas résisté à se concocter un vrai café au lait avec tartine de beurre ! (voir Cuba Quiz Question n°8)


Un départ précipité

Nous avions prévu une virée à Viñales tous les 4, mais le sort en a décidé autrement ! Dans un premier temps, nous avons dû reporter pour éviter d’être sur la route pendant les pluies torrentielles dûes au passage d'Agatha, puis Palacio a eu beaucoup de travail de taxi suite à la désorganisation des transports en commun consécutive aux pluies, puis la voiture était en panne… puis il y a eu une courte fenêtre météo pour se rendre au Guatemala avant la prochaine dépression tropicale annoncée ! Nous avons pris la décision de partir dès le mardi matin !


Nous nous sommes levés de bonne heure le lundi et avons turbiné toute la matinée pour passer le lundi après-midi avec nos amis. Nous les avons invités à diner chez eux : au menu spaghettis sauce tomate, vin espagnol, pain français. Nous avons complété par deux pots de confiture (dont une maison), du nougat pour les enfants et une clé USB avec la captation des Souliers d’Églantine. Nous avons aussi ajouté 2 petits cahiers et 2 boites de crayons de couleur, non sans hésitation car nous craignions que ces cadeaux ne fassent un peu "bébé" pour Hany et Dianko. Les enfants ont finalement été très heureux voire émerveillés de l’incroyable cadeau car il est quasiment impossible de trouver des crayons de couleur à Cuba. Ils leurs seront très utiles pour l’école et les dessins...


Ana & Palacio prennent soin de leur voisine Gladys

Nous avons discuté autour d’un verre de Tang orange en regardant une partie du spectacle d’Églantine sur leur télé (qui n’a consenti à démarrer qu’après avoir reçu quelques tapes amicales...).


Comme ils ne comprennent pas le français, je leur ai fait un résumé de chaque scène en espagnol.


Cela nous a amené à parler de la maladie d’Alzheimer à laquelle ils sont sensibilisés car ils prennent soin de leur voisine, Gladys, qui souffre de cette maladie.





La première fois que nous sommes allés chez Ana et Palacio, je n’avais pas été autorisée à venir l’aider à la cuisine, normal, nous étions les invités. Mais là, elle nous a laissé préparer le repas sur la vieille gazinière en fonte-céramique et nous en avons été honorés : nous n’étions plus des invités mais des amis avec lesquels on partage un bon moment. Pour l’allumage de la gazinière, deux ustensiles se sont avérés indispensables : une pince de mécanicien pour tourner l’axe du robinet du brûleur (il n’y a plus de boutons depuis longtemps et je subodore qu’il est impossible d’en trouver ou que c’est hors de prix) et un téléphone portable transformé en allume gaz électrique grâce à l’ajout d’une tige métallique que l’on vient frotter sur le brûleur pour créer des étincelles.



Hany a fait honneur au plat, elle adore les spaghettis ! Nous avons discuté de tout de rien, de choses importantes et de petites choses toutes légères en essayant tous de ne pas penser que demain nous quittons Cuba !


Puis la réalité nous a rattrapés, le moment était venu de se séparer. Hany nous a offert un de ses dessin avec un « abrazo ». Avec Ana, nous nous sommes longuement serrées dans les bras avec les larmes aux yeux. Nous nous sommes regardées et dans nos regards sont passés bien plus que tous les mots que nous aurions pu prononcer.


La voiture de Palacio étant toujours en panne, c’est quelqu’un de leur famille qui a fait taxi. Palacio nous a accompagné mais aussi Dianko car il voulait voir Shazzan. Arrivés au bateau, nous avons éclairé l’intérieur et ouvert tous les rideaux afin que Dianko puisse voir du quai comment était l’intérieur et nous avons répondu au mieux à toutes ses questions. Au moment du départ, Dianko m’a serré si fort dans ses petits bras que les larmes me montent aux yeux rien qu’en y repensant. Palacio nous a aussi pris dans ses bras en disant à Dominique « Au revoir hermanito».


Une fois seuls au bateau et ne pouvant nous endormir, nous avons sorti la bouteille de Havana Club, et dans un silence ponctué de nombreux soupirs, nous avons siroté notre rhum en pensant à nos amis.


Et depuis

Le mardi matin, nous les avons tenus informés de toutes les étapes du départ et une fois les formalités terminées, nous avons fait une visio avec eux sous l’œil (moyennement sympa) du garde-frontière qui attendait debout près du bateau que l’on parte !


Tant que nous avons eu du réseau en longeant les côtes, nous avons échangé des messages et nous avons continué à nous envoyer des mails même en mer avec le téléphone satellite. Nous sentions qu’ils avaient peur pour nous, ce monde de la mer leur est inconnu.


Depuis, nous échangeons presque tous les jours par WhastApp. Ana a validé le Grand Quiz et même m’a aidé à le compléter. Ces échanges de messages nous permettent de mesurer combien leur vie n’est pas évidente et nous commençons à ressentir bien mieux ce que veut dire la phrase « ici la vie est difficile ».


Quand et où nous reverrons-nous ? Je l’ignore mais qui sait, ce sera peut-être aux États-Unis ou sur Shazzan ? Je le souhaite de tout mon cœur car outre la joie de passer du temps avec eux cela voudra dire qu’ils ont réussis le projet "Kentucky". Fuerza amigos !




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