Pérou #3 : La vallée sacrée des Incas
- voiliershazzan
- 29 sept. 2024
- 8 min de lecture
A une quinzaine de kilomètres de Cusco, la vallée sacrée des Incas suit le lit du fleuve Urubamba dont les eaux, via le Rio Ucayali, se déversent dans l’Amazone 2500 km plus loin. Située en grande partie à moins de 3000 mètres d’altitude, cette vallée bénéficie de terres fertiles et d’un climat suffisamment propice pour être devenue le grenier de l’empire. Mais cette vallée est aussi qualifiée de "sacrée" car prêtres et astrologues incas y voyaient la projection terrestre de la voie lactée, la galaxie où l’on trouve les principales constellations incas : le lama, le condor, l’arbre… Cette vallée était donc un haut-lieu religieux et économique de l'empire Inca.

Le mythique Machu-Picchu
Vous l’attendiez et bien sachez que nous aussi !
Il y a des mots comme "Machu-Picchu" qui vous transportent instantanément à l’autre bout du monde et réveillent votre imaginaire d'enfant…

... et le jour où vos pas foulent les escaliers de pierre taillés par des mains incas, le jour où vos yeux se posent sur les vestiges d’un temple abritant la mémoire des fidèles tendant leurs bras vers le soleil, le jour où vous êtes là, dans cette cité légendaire nichée dans un majestueux nid d’aigle protégé de pitons verdoyants pointant vers le ciel, il faut bien le dire, l’émotion vous gagne dans une sorte de sidération émerveillée !
Ce fut une longue et belle, très belle journée mais avant cela toute une organisation !
Une visite qui nécessite planning et porte-monnaie !
Première étape, réserver en avance le billet pour le circuit que l’on souhaite suivre. En effet, pour protéger le site, le nombre de visiteurs est limité et des circuits sont définis et modifiés régulièrement pour contenir au mieux l’impact des touristes sur les sols. Il faut donc s’y prendre plusieurs mois à l’avance pour réserver les circuits les plus prisés… Comme nous avons tenté d'acheter nos entrées moins d’un mois avant la date de la visite, autant vous dire que nous avons pris ce qui restait et que notre circuit était loin d’être le plus facile d’accès !!! Ça s'annonce mal pour mes gambettes !
Le circuit 1 : la seule possibilité qui restait à moins de 3 semaines de la date de visite... le plus escarpé bien sûr !
Une fois les billets achetés, il faut organiser le transport et il y a plusieurs moyens pour se rendre au Machu depuis Cusco ; on peut y aller à pied, en bus, en train ou une combinaison des 3… Nous avons oublié l’Inka Trek et ses 4 jours à crapahuter en montagne et opté pour le combo train/bus, l’option la plus onéreuse mais la plus facile. Sachez toutefois que pour prendre la navette de bus Aguas Calientes-Machu Pichu, il faut faire la queue, une longue, très longue queue de plusieurs heures et même faire deux fois la queue si vous n’avez pas acheter votre ticket navette à l’avance !
Nous avons fait le choix de faire l’excursion sur une seule journée en prévoyant des encas pour limiter les dépenses sur place (repas, hôtel) mais même comme ça, c’est un sacré budget !
Dernier point organisation, ne pas oublier vos passeports et si vous avez la chance (ou la malchance) d’avoir une carte Handi, surtout prenez-là cela limitera grandement le temps de queue !
Le trajet est une excellente mise en… train
Rendez-vous à 5 heures du matin à la gare de Cusco pour prendre un train qui commence par entamer un bien étrange ballet pour prendre de l’altitude… On monte une pente en marche avant avec la loco qui tire le train, on s’arrête, un machiniste descend du train pour changer l’aiguillage, et on repart en marche arrière avec cette fois-ci la loco qui pousse les wagons… et ainsi de suite jusqu’à atteindre les hauteurs qui surplombent Cusco.
Grace à notre wagon panoramique avec baies vitrées au plafond, nous avons pu, dès le jour levé, assister à un festival de paysages assez différents de ceux que nous avions découverts en allant à Vinicunca. Après plusieurs heures de voyage, nous voilà enfin au Machu Pichu !
Un plongeon dans nos livres d’histoire/géo d’écolier
Notre itinéraire est difficile, les escaliers de bois du début font vite place à de hautes marches de pierre et ça grimpe, et ça grimpe ! A mi-chemin, Dominique part voir en éclaireur la suite du trajet... Il revient avec une mine dépitée, ce sera vraiment trop difficile pour moi, par contre il a repéré un petit chemin qui nous est normalement interdit mais qui permettrait d’aller directement sur des zones de point de vue. Comme en plus je commence à fatiguer, nous décidons de tenter notre chance, mais arrivés au bout du sentier, nous tombons sur une corde qui barre l’accès et sur... deux gardes ! Qu’à cela ne tienne, je sors mon meilleur espagnol pour leur expliquer mon handicap et leur dire que, nous sommes venus au Machu Pichu, jour pour jour, pour nos 45 ans de mariage !
Le gardien fond littéralement et je ne sais pas encore si c'est l’accent frenchy de mon espagnol ou ma mine défaite et implorante, mais non seulement il nous laisse passer mais il installe une cape en plastique sur un rocher pour que j’y pose mon auguste derrière afin de me reposer un moment, puis il nous fait passer sur une plate-forme normalement réservée aux touristes avec guide ; il va même jusqu’à nous raconter tout un tas de choses sur le site et nous prendre en photo…
Nous sommes complètement bouche-bée et nous nous pinçons pour être bien certains que nous sommes au Machu Picchu. Non mais, le Machu Picchu quand même !

Même si nous avons tous les deux la soixantaine, nous avons l’impression d’être deux écoliers qui, par on ne sait par quel miracle voient une image de leur livre d’histoire/géo s’animer, devenir vivante et y plongent avec enthousiasme !
Comme deux enfants, nous nous prenons à fredonner le générique du fameux dessin animé "Les mystérieuses cités d'or" que Fabien et Jérémy, nos deux garçons, regardaient enfants !
Nous avons pris le temps de profiter de ce moment puis nous sommes repartis par les mêmes escaliers mais après avoir consciencieusement mâché les feuilles de coca offertes par notre super garde/guide ! Cette petite mastication au goût de foin a agi comme un petit coup de boost et m’a redonné l’énergie pour le trajet retour ! Nous avons ensuite repris la navette et le train mais comme si nous n'étions pas assez fatigués, le train n'allait pas jusqu'à Cusco et il nous a fallu terminer le trajet en bus. De mémoire, vers 1 heure du matin, nous étions dans notre petit appartement où nous avons plongé avec délices sous la montagne de couvertures qui pallient, comme souvent au Pérou, l’absence de chauffage malgré des nuits bien fraîches !
Pisac : une immersion en pays Quecha
Pour nous rendre à Pisac, un petit village resté dans son jus que notre Guide du Routard recommandait, nous avons décidé de prendre un collectivo, un mini bus emprunté par les locaux et les back-packers qui a la particularité d'attendre d'être plein pour partir. La chance a été avec nous car notre attente fut de courte durée. Pendant le voyage pour le moins sinueux, nous avons papoté avec notre voisin péruvien, lequel nous a chaudement recommandé d'aller assister à la messe... en quechua !
Des couleurs, des odeurs... bien loin de nos supermarchés occidentaux !
En attendant l'heure de l'office, nous nous sommes baladés sur la place principale du village pour, comme nous aimons le faire, regarder la vie de tous les jours des habitants... compter le nombre d'espèces de pomme de terre vendues sur le marché, nombreuses mais bien loin des 4 000 référencées dans le pays, respirer l'odeur des fleurs, admirer la couleur pétante des fruits et légumes, avoir une pensée pour nos grand-mères en voyant les poulets juste plumés, résister à la tentation d'acheter un soutien-gorge à la marchande ambulante et même partager des fraises avec une mamy !
La messe en quechua : 2 mariages, 1 baptême et une improbable accolade !
Nous sommes bien loin ici de l'ambiance qui préside à la messe en France... Les couleurs illuminent l'assemblée, les enfants dorment bien calés dans leur petit nid de tissu soit noué dans le dos de leur maman soit posé à même le dallage, les chiens entrent et sortent, s'allongent tranquilles sur le carrelage ne levant l'oreille que lorsque le son de la clochette s'élève vers la voûte de l'église, les jeunes bambins font du sol de la nef une piste pour leur petite voiture... Mais surtout, les visages reflètent une foi profonde et sincère malgré ce que pourrait laisser penser ce joyeux capharnaüm !
La messe dure longtemps car deux mariages et un baptême y sont célébrés, l'église est comble et je me retrouve assise entre deux dames habillées de leur magnifique costume péruvien. Bien sûr, ne parlant pas un mot de quechua, je ne comprends rien, mais je reconnais certains des rituels, comme le moment où les fidèles s'échangent un signe de paix... Je sens dans le regard de mes voisines une invitation à partager ce moment alors je tends mes mains et nous nous prenons dans les bras pour une accolade sans frontières... Vous l'aurez compris depuis longtemps si vous suivez ce blog, je ne suis pas, loin s'en faut, une fervente catholique, mais je respecte totalement les choix de chacun tant qu'ils ne m'imposent rien, alors je vis ce moment pleinement avec paix et respect.
La sortie de la messe se fait en musique et les mariés se retrouvent les bras chargés de fleurs sous une pluie de confettis.
Une journée de découverte avec notre guide Noemi
Chinchero, le village du Tupaq Yupanki

Les nombreuses terrasses agricoles présentes sur le site auraient été créées en même temps que des aqueducs par le souverain inca Tupaq Yupanki qui avait bâti un palais dans ce village.
Ces terrasses et aqueducs sont toujours utilisés en particulier pour la culture de la pomme de terre, du quinoa et des haricots.
Les larmes des salines de Maras
Dès le IIème siècle avant J-C, les bassins de Maras approvisionnaient en sel non seulement la région de Cusco mais le pays tout entier. Aujourd'hui, le sel produit par les familles locales est utilisé comme sel de table pour le blanc, sel décoratif pour le rose mais aussi comme produit médicinal car il est chargé en minéraux.
On ne connait pas avec certitude l'origine des eaux salées qui alimentent les bassins : l'eau des nappes souterraines qui traverserait des couches de sel naturellement présentes dans la roche, une poche d'eau salée enchâssée dans une roche qui serait fissurée... Personnellement, je préfère la légende contée par Noemi !

Quand le dieu Wiracocha fit sortir les 4 frères Ayar d'une caverne pour fonder, avec leurs sœurs et épouses, le grand empire Inca, l'un d'eux, Ayar Cachi lança une pierre sur une montagne, la roche se fissura formant un ravin et les quatre points cardinaux. Ses frères, craignant sa force et son pouvoir, l'enfermèrent avec des rochers dans une grotte et ce sont ses larmes qui continuent depuis à jaillir ici...
Moray : l'INRA Inca !

Eh, oui, les études agronomiques ne datent pas d'aujourd'hui et si on peut clairement imaginer que les sélections de cultures se sont faites par essais/erreurs au fil des générations de cultivateurs, on a plus de mal à imaginer la mise en place d'un laboratoire agricole dans des temps reculés. Et pourtant, les incas ont conçu le site de Moray en créant des spirales de terrasses permettant de simuler les différents climats et niveaux d'hygrométrie de la Cordillère des Andes et ainsi pu sélectionner les meilleures espèces de plantes selon la localisation et le climat des parcelles.
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