Comme je vous l'ai dit, lors du départ de Alain et Brigitte, nous devions encore rester quelques temps en Colombie dans l'attente de la fin de la saison cyclonique... Une fois sur notre lancée, nous ne nous sommes pas limités à l'Amazonie et Bogota et nous avons poursuivi notre périple, en bus cette fois, pour aller découvrir le désert de Tatacoa et l'Eje Cafetero (l'axe du café).
Notre guide Richar : muchas gracias amigo
Nous avions repéré un nom de guide dans nos recherches sur cette région, un nom qui revenait toujours accompagné de commentaires dithyrambiques : Richar Humberto Balza. Nous l'avons donc contacté et nous ne l'avons pas regretté, bien au contraire...
Non seulement, Richar (au premier plan) parle un excellent français et sait raconter comme nul autre les petites et la grande histoire pendant les visites, mais en plus il est adorable et il a l'art de concocter un programme totalement adapté à ses clients le tout en tenant compte des capacités physiques, du type d'hébergement souhaité, du budget, des centres d’intérêt mais aussi de la règle colombienne pour l'écologie qui veut que selon ta plaque d'immatriculation, tu dois laisser ta voiture au parking un jour par semaine !!!
Tatacoa... désert ou non, c'est beau !
Désert or not désert ?
Un désert ? On peut employer le mot "désert" car c'est un droit très sec et aride, mais techniquement parlant, Tatacoa est une forêt tropicale sèche et pas un désert. Je sens que je vous ai perdu là ! En fait, il y a 16 à 10 millions d’années, la région de la Tatacoa était une forêt tropicale humide habitée par de nombreuses espèces végétales et animales. Il semble que le site se soit progressivement asséché, lorsque la cordillère orientale s’est soulevée.
Ce processus a sculpté le paysage tantôt à dominante rouge, tantôt grise présentant une végétation typique de cactus et autres arbustes rabougris...
Le royaume des fous de l'étoile et des cinglés du fossile
Mais le désert de Tatacoa attire aussi de nombreux scientifiques géologues, paléontologues et astronomes.
En effet, d'une part son sol abrite une quantité importante de fossiles qui permettent aux spécialistes d'en savoir plus sur l'histoire de la biodiversité colombienne mais d'autre part conditions météorologiques, absence de pollution atmosphérique et d’intervention humaine permettent d’observer les étoiles dans des conditions qui seraient parmi les meilleures du monde.
Bon, nous ne sommes pas des scientifiques, loin s'en faut, mais nous sommes tout de même allés observer les étoiles allongés par terre puis avec des télescopes et autres lunettes astronomiques et nous avons aussi visité le modeste musée de paléontologie de Villa Vieja.
Les bonus "Spécial Richar"
Dégustation de fleurs de cactus...
Baignade (pour les plus téméraires) dans le Rio Magdalena après une courte balade qui nous a mis nez à nez avec des iguanes.... et un orpailleur !
Gastronomie locale : après tout ça, nous nous sommes offert un moment de réconfort avec une bière artisanale locale et une petite douceur très sucrée mais délicieuse !
La vallée de la Carbonera
En route pour Salento, notre point pivot pour la suite du voyage
Le 10 novembre 2023 au matin, nous sommes partis vers Salento, un voyage empruntant un bac pour traverser le Rio Magdalena et des chemins parfois abrités par la voute vert sombre des arbres, parfois bordés du vert printemps des rizières, mais avec toujours la Cordillère des Andes en arrière plan....
On part en Jeep, mais attention pas n'importe quelle jeep !!!
Le 11 au matin, nous prenons une Jeep, mais pas n'importe quelle Jeep, nous sommes dans un véhicule emblématique de Colombie, la Willys, une jeep de l'armée américaine.
Après la seconde guerre mondiale, les USA souhaitant écouler un stock de ces véhicules devenus inutiles, ont décidé de les brader dans des pays en voie de développement.
Les démonstrations par des as du volants avec des Willys chargés à bloc ont alors convaincu les colombiens que c’était LE véhicule qu'il leur fallait : maniable, léger et vraiment tout terrain !
Ce fut alors l'engouement et le véhicule servait à tout : transport de marchandises, de passagers, d'animaux, ...
Très vites, les Willys ont été rebaptisées « mulas mecánicas » autrement dit mules mécaniques !
Le « Yipao » (une Jeep chargée d’une cargaison) s’est imposé comme… un étalon de mesures de denrées agricoles (équivalent à environ 25 sacs d’oranges). Vous dire, il y a même une Yipao Parade chaque année ! Une véritable institution ! En savoir plus : https://www.voyage-colombie.com/arts-culture/jeep-willys
La vallée de la Carbonera... on lève les yeux s'il vous plait !
Pour en revenir à notre voyage, notre Willys nous emmène à la vallée de la Carbonera, une vallée où poussent de grands palmiers à cire, un site beaucoup mieux préservé que la vallée de la Cocora habituellement proposé aux touristes du fait de sa facilité d'accès... Car se rendre à la vallée de la Carbonera, ça se mérite !
En effet, pour s'y rendre, il faut faire environ 2 heures de 4×4 sur une piste de montagne et franchir un col de la Cordillère des Andes centrale à plus de 3300 mètres d'altitude !
De fait, cette vallée abrite la plus grande forêt de palmiers à cire (palma cerra) du monde car, sous le contrôle des FARC jusqu'aux accords de 2016 , elle a été à l'abri du développement industriel.
Les palmiers à cire
Sur l'écorce de ces palmiers d'une hauteur pouvant atteindre les 90 mètres, on trouve donc une sorte de cire.
Cette cire était utilisée par les indigènes pour modeler les figurines qui servaient ensuite de matrice pour créer des moules dans lesquels était coulé de l'or. Ce procédé permettait de réaliser des objets d'une finesse incroyable comme ceux qui nous ont émerveillés au musée de l'or de Bogotá.
Elle servait aussi à la fabrication de bougies qui duraient beaucoup plus longtemps qu'avec la cire d'abeille.
Si les indigènes connaissaient depuis longtemps la cire de ces palmiers, aucun scientifique n'avait répertorié cette espèce d'arbre. Un jour, un botaniste, parti en expédition afin d'identifier un maximum d'espèces, s'est arrêté à Salento dans le cadre de sa mission. Il a rejoint la chambre de son auberge muni d'une bougie et il s'est endormi sans la souffler... Quelle ne fut pas sa surprise quand au réveil, il constata que la bougie ne s'était pas totalement consumée pendant la nuit. Il a voulu en savoir plus et aurait ainsi été le premier à répertorier Ceroxylon Quindiuense.
A pied et/ou à cheval
Si le matin, les plus vaillants (il y avait 3 autres français avec nous pour cette journée) ont fait une longue marche à pied, j'ai opté pour le 4×4... Mais l'après-midi, c'est à cheval que nous avons tous (même moi !) sillonné cette magnifique vallée d’altitude.
Bon, ce fut hippique et épique ! Je ne vais pas m'étendre sur l'élégance de mes montées et descentes de ma placide monture ni même de ma posture genre statue pendant les premières minutes, mais je l'ai fait ! J'ai même réussi à me détendre et ainsi vraiment pu profiter de ce moment incroyable ! Merci à tous ceux qui m'ont aidée et encouragée : Dominique (même s'il était inquiet et réticent au début), Richar, son frère Daniel et même le propriétaire des chevaux... sans oublier ma monture à 4 pattes et la plateforme de la jeep Willys, un marche-pied presque idéal !
Une petite vidéo résumé
Connaissez-vous les jeux de la Rana et du Tejo !
Richar nous a aussi proposé de découvrir deux des jeux emblématiques de la Colombie.
La rana
Ce jeu d'adresse serait, selon Wikipedia, né au XVIIIème dans le nord de la France, une assertion que réfute les Colombiens pour qui l'origine serait à chercher du côté des Incas. Va savoir !!!
Quoiqu'il en soit, le jeu consiste à lancer des billes ou des palets sur une sorte de plateau suffisamment habilement pour qu'ils tombent dans les trous présents sur le support.
A chaque trou, est associée un nombre de points, sachant que si la bille s'engouffre dans la bouche de la grenouille, c'est jackpot.
Le Tejo
Des triangles de papier contenant de la poudre sont disposés sur une sorte de fer à cheval placé sur une cible inclinée faite de terre glaise. L'objectif est de les faire exploser en les percutant avec un lourd palet de métal.
Nous avons pu observer les pros, ceux qui participent aux compétitions. Ils lançaient le tejo, ce fameux palet de métal d'un poids de plus de 600 g depuis l'impressionnante distance de 20 mètres... Nous nous sommes amusés à ce jeu mais avec une distance adaptée à notre amateurisme !
En savoir plus sur le tejo : https://lepetitjournal.com/.../connaissez-vous-tejo...
La finca de Don Elias à l'Eje Cafetero
Pour découvrir l'Eje Cafetero, nous avons repris notre Willys et emprunté des chemins sillonnant les plantations de café à flanc de colline.
Planter
Arrivés à la finca Don Elias, notre visite a débuté par une présentation des 4 espèces d'arabica. Les caféiers poussent à ces altitudes toujours accompagnés d'autres espèces de plantes qui les pourvoient en ombre. Un plan de café produit un an après sa mise en terre et ce pendant une quinzaine d'années avec une taille à mi parcours (on coupe très bas en laissant une branche). Certaines espèces sont sensibles à la rouille, mais chez Don Elias, pas de produits chimiques, le café est bio.
Récolter
Le café se récolte généralement deux fois par an (mai et novembre), mais pour obtenir des cafés de meilleure qualité, la récolte chez Don Elias se plus souvent et à la main afin de ne sélectionner que les grains rouges...
Fermenter
La visite s'est poursuivie par une description des processus de fabrication. Pour le café dit "lavado", une machine actionnée manuellement enlève l'écorce du grain pour laisser apparaître un grain jaunâtre entouré de mucilage appelé "miel" de café. Ce "miel" est à l'origine de la fermentation, une fermentation que l'on limite à 24h.
Sécher
Les graines sont lavées, celles qui flottent étant éliminées. Elles sont ensuite mises à sécher pendant 7 jours à l'air libre.
Torréfier
Une fois la fine "peau" entourant le grain retirée, c'est le moment de la torréfaction, une étape délicate pour obtenir un bon café ! Les grains ne doivent pas brûler et il faut adapter la position des claies dans le torréfacteur, toutes ces précautions conditionnant la qualité finale du futur breuvage...
Déguster
Nous avons terminé la visite par la dégustation d'un café réalisé avec les grains de café que nous avons nous-mêmes moulus, le tout accompagné de précieux conseils de préparation. Dès notre retour de Shazzan, nous n'avons pas manqué pas de mettre en pratique les recommandations données pour sublimer ce nectar !
La version la plus répandue sur l'origine du café en Colombie serait celle racontée par José Gumilla, un missionnaire jésuite espagnol du XVIIIème dans son ouvrage sur le fleuve Orénoque. Il aurait amené des graines d'un café éthiopien via le Venezuela et aurait créé la première plantation en 1732.
Les villages colorés de Filandia et Circasia
Nous y étions un week-end prolongé par un lundi férié et donc beaucoup, beaucoup de personnes déambulaient sur les places et dans les rues des villages. Il faut savoir que la Colombie est l'un des pays où il y a le plus de jours fériés et que les colombiens en profitent pour se balader dans leur pays, ce qui est devenu plus facile depuis les accords de 2016 avec les groupes armés.
Les maisons sont peintes dans un style apporté par les nombreux basques qui se sont réfugiés en Colombie. Nous devions ensuite visiter une volière mais une pluie battante a abrégé notre balade.
Et pour finir, nous sommes sortis en discothèque
"Et si vous veniez avec nous en discothèque ce soir !" nous demandent Richar et Daniel. Avec plaisir , mais ne comptez pas sur nous pour danser !
Nous retrouvons les amis de Richar et Daniel autour d'une table au Majesty à Armenia. Nous partageons une bouteille de rhum servi dans des mini verres avec un peu d'un soda rose dont j'ignore le nom, accompagné de pop-corn et de morceaux de mangues vertes salés...
Nous nous sommes régalés en regardant la petite équipe d'amis danser avec une sensualité et une aisance des corps, que je vous l'avoue, je leur envie !
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