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voiliershazzan

Bientôt je partirai...

Dernière mise à jour : 19 oct. 2021


Bientôt je larguerai les amarres sur un quai

Je me dépouillerai de tout cet inutile

Pour chaque bibelot, chaque assiette, chaque objet

J’estimerai son poids, essentiel ou futile

Je donnerai, je vendrai, la certitude au cœur

Que le fil de ma vie se déroulera ailleurs



Le jour du grand départ, le champagne spittant

Viendra frapper la coque et lancer notre esquif

Nos enfants seront là, nostalgiques et contents

Quand nous hisserons les voiles en route pour Ténérife

Et quand leurs silhouettes ne seront plus qu’un point

J’essuierai une larme en regardant au loin


Sentant le moindre souffle, je deviendrai fluide

Je deviendrai le vent qui joue avec la voile

La risée qui dessine, sur l’océan, des rides

Comme pour dire au marin qu’il faut réduire la toile

Je serai le nuage qui s’approche à tribord

Le signe d’une ondée arrivant par le nord


Le soleil se cachera dépassant l’horizon

Et l’ombre engloutira le génois et la proue

Je serai le voilier, ma nouvelle maison

Je serai les varangues, le mat, la barre à roue

Je pourfendrai la vague, éviterai les écueils

Et sur le bout qui rague, je porterai mon œil



Jamais je ne laisserai l’équipage à vau-l’eau

La nuit je veillerai, assurerai mon quart

Je tracerai la route, prendrai la météo

Je me ferai patience quand le vent sera rare

Ici pas de bataille, non plus de courte paille

Juste l’humilité, en mer pas de médaille...


Portés par l’alizé, nous passerons l’équateur

Un rhum pour l’équipier, un verre pour Neptune

Et même quelques gouttes au fidèle croiseur

Les yeux dans les étoiles, le regard vers la lune

Infime grain de poussière au cœur de l’univers

Immense plénitude de vivre sur la mer


Voilà que les couleurs s’ocrent aux approches des terres

Il nous faut ralentir pour arriver matin

Un oiseau audacieux se pose sur la filière

Son chant nous conduisant doucement vers demain

Dans le soleil levant, les bleus d’une aquarelle

Promesses d’oasis, de lagons de dentelle


Nous affalerons les voiles et ancrerons Shazzan,

Nous nous embrasserons, fiers de la traversée

La plage nous appellera comme une courtisane

Et nous nagerons ensemble pour nous y promener

La sueur ruissèlera sur le bas de ton dos

La mangrove ondulera au rythme de nos peaux...


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